6i N E G côté d,u midi paroiffent Les termes extrêmes de la race des hommes. , A. Je ne finirais point fi je parfois des habitat« des i es que l’on rencontre dans la mer des Indes, & de celles qui font dans ce valte Océan , qui remplit 1 intervalle entre F A fie & l’Amérique. Chaque peuple, chaque nation a fa forme comme fa langue ;,& la forme neit elle pas une cfpece de langue elle-même, & celle de toutes qui fe fait le mieux entendre? Si l’on parcourait toutes ces îles, on trouverait peut-être dans quelques-unes des habLtans bien plus cmbarrat-ians pour nous que les noirs, auxquels nous aurions bien de ta pe'ne à refufcr ou à donner le nom <¥nommes. Les habitans des forêts de Bornéo dont parlent quelques voyageurs, fi reffemblans d’ailleurs aux hommes , en pen-fent-ils moins pour avoir des queues de linges ? Et ce qu’on n’a Fa.it dépendre ni du blanc ni du noir dépendra-t-il dunombred.es vertebres? Dans cet iilhrne qui fépare la mer du Nord avec la mer Pacifique, on dit qu’on trouve des hommes plus blancs que tous ceux que nous connoilfons; leurs cheveux feroient pris pour de la laine la plus branche; leurs yeux trop foibîes pour la lumière du jour, ne s ouvrent que dans l’obfcurité de la nuit : ils font dans le genre des hommes ce que font parmi les oilèaux les chauve-fouris & les hibous. Le phénomène le plus remarquable & la loi la plus confiante fur la couleur des habitai« de la terre, c’eft que tonte cette large bande qui ceint le globe d’orient en occident, qn’ot) appelle la zone torride, n’eft habitée que par des peuples noirs, ou fort bafanés : maigre les interruptions que la mer y cauie, qu’on la fuive à-travers l’Afrique, l’Afie & l’Amérique; foit dans les îles, foit dans les continens on n’y trouve que des nations noires ; C3r ces hommes noéhirnes dont nous venons de parler & quelques blancs qui nailient quelquefois, ne méritent pas qu’on fade ici d’exception. En s’éloignant de l’équateur, la couleur des peuples s’éclaircit par nuances ; elle eft encore fort brune au-delà du Tropique, & l’on ne la trouve tout-à-fait blanche que lorfque Voir avance dans la zone tempérée. G’elt aux extrémités de cette zone qu’on trouve les peuples les plus blancs. La danoife aux cheveux blonds éblouit par fa blancheur le voyageur étonné : il ne (aurait croire que l’objet qu’il voit & l’Afriquaiue qu’il vient de voir l'oient deux femmes. Plus loin encore vers le nord & jufqne dans la zone glacée, dans ce pays que le foleil ne daigne pas éclairer en hiver, où la terre plus dure que le foc ne porte aucune des produirions des autres pays dans ces affreux climats , on trouve des teints de lis & de rofes. Riches contrées du midi, terres du Pérou & du Potofî, formez l’or dans vos minés, je n’irai point l’en tirer; Golconde, filtrez le fuc précieux qui forme les diamans & les rubis, ils n’embelliront point vos femmes, & font inutiles aux nôtres. Qu’ils ne fervent qu’à marquer tous les ans le poids & la valeur d’un monarque imbccille, qui, pendant qu’il elt dan? cette ridicule balance, perd fes états & fa liberté. Mais dans ces contrées extrêmes où tout eft blanc & où tout eft noir, n’y a-t-il pas trop d’uniformité, & le mélangé ne produirait il pas des beautés nouvelles? C’eft fur les bords de la Seine qu’on trouve cette heureufe variété dans les jardins du Louvre; un beau jour de l’été, vous verrez tout ce que la terre peut produire de merveilles . Tous ces peuples que nous venons de parcourir, tant d’hommes divers font-ils fortis d’une même mere? Il ne nous eft pas permis d’en douter. Ce qui nous relie à examiner, c’eft comment d’unfenl individu il a pu naître tant d’efeces fi différentes? Je vais hafarder fur cela quelques conjeâures. Si les hommes ont été d’abord tous formés d’œuf en ccuf, il y aurait eu dans la prendre mere des œufs de différentes couleurs qui contenoit dès fuites innombrables d’œufs de la même efpece, mais qui ne dévoient éclore que dans leur ordre de développement après un certain nombre de générations, & dans les tems que la providence avoit nwraué pour l’origine des peuples qui y étoient contenus; il ne ferait pas impolfible qu’un jour la fuite des œufs blancs qui peuplent nos régions venant à manquer, toutes les nations européennes changeaient de couleur; comme il ne ièroit pas impofiible auffi que lafour-çe des œufs noirs étant épuifée, l’Ethiopie n’eût plus que des héritai« blancs. C’eft aiufi que dans une carrière profonde, lorfque la veine de marbre blanc eft épuifée, l’on ne trouve plus que des pierres de différentes çouleups qui fç fuccedent, les unes aux autres. C’eft aiufi N E G que des races nouvelles d’hommes peuvent paraître fur la terre, & que les anciennes peuvent s’éteindre. Si l’on admettoit le fylfème des vers, fi tous les hommes avoient d’abord été contenus dans ces animaux qui nageaient dans la femence du premier homme , on dirait des vers ce que nous venons de dire des œufs: le ver, pere des negrts, contenoit de vers en vers tous les habi- taos d’Ethiopie; le ver Darien, le ver Hottentot & le ver Patagón avec tous leurs defeendans étoient déjà tous formés, & dévoient peupler un jour les parties de la terre où l’on trouve ces peuples. Venus Phyficjue. D’autres phyfîciens ont recherché avec beaucoup de foin la caufe de la noirceur des negres; les principales conjectures qu’ils ont formées fur ce fujec fe réduifent à deux, dont l’une attribue la caufe de la noirceur à la bile, & l’autre à l’humeur renfermé dans les vaiffeaux dont le corps muqueux eft rempli. Voyez Corps muMalpighi, Ruifch, Litre, Sanélorini, Heifter & AI-binus ont fait des recherches curieufes fur la peau des ,e premier fentiment fur la noirceur des negres eft appuyé de toutes ces preuves dans un ouvrage intitulé, Difertation fur la caufe phyfi-jue de la couleur des negres, &c. par M. Barrere. Paris 1741, in-iz. Voici comment il déduit fon hyporhefe • Si après une longue macération de la peau d’un negre dans l’eau, on en détache l’épiderme ou furpeau, & que l’on l’examine attentivement, on le trouve noir, très-mince, & il paraît trafparent quand on le regarde à-travers le jour. C’eft ainfi que je l’ai vô en Amérique, & que l’a remarqué auffi un des plus favans anatomiiles de nos jours, M. Winslou.. . On trouve par la dift'ec-tion de cuir, proprement dit; ou la peau avec tout l’appareil, comme les mamelons cutanés & le corps réticulaire d’un rouge noirâtre. Il eft donc évidemment démontré que la couleur des negres n’eft pas, pour ainfï dire, une couleur d’emprunt, & par conféquent la couleur apparente de l’épiderme n’eft pas en eux celle du corps muqueux, félon le langage de quelques-uns, ou du corps réticulaire, ainfi qu’on l’avoit cru jufqu’ici, c’eft donc de fon propre tiffu que l’épiderme ou la furpeau dans les negres tient immédiatement de la couleur noire. Difons de pins que l’épiderme dans les negres étant naturellement d’un noir tranfparent, fa couleur doit devenir encore plus foncée par la peau qui elt placée au-deflous, qui eft d’un rouge brun approchant du noir. Mais l’épiderme des mores, comme celui des blancs, étant un tiflu de vailfeaux, ils doivent néeelfairement renfermer un fuc, dont l’examen appartient à la queftion préfente. On peut dire avec quelque fondement que ce fuc eft analogue à la bile, & l’obfervation paraît appuyer ce fentiment; Io j’ai remarqué dans les cadavres des negres que j’ai eu occalïon de dilfifquer à Cayenne, la_ bile toujours noire comme de l’encre; 2,9 qu’elle étoit le plus ou moins noire à proportion de la couleur des negres,; 3° que leur fimg étoit d’un rouge noirâtre, félon le plus ou moins de noirceur du teint des negres ; 40 il eft certain que la bile rentre avec le chyle dans lefang, qu’elle roule avec lui dans toutes les parties du corps, qu’elle fe filtre dans le foie, & que plulieurs de fes parties s’échappent à-travers les reins, & les autres parties du corps. Pourquoi donc ne fe peut-il pas faire aufiî que cette même bile dans les negres fe fépare dans le tiilu de l’épiderme? Or l’expérience prouve que la bile le fépare en effet dans l’épiderme des negres dans les petits tuyaux particuliers, puifque (5 l’on applique le bout du doigt fur la fuctace de la peau d’un negre, il s’y attache une humeur grade, onélueufè & comme favonneu-fe, d’une odeur défagréable, qui donne fans doute ce luifant & cette douceur que l’on remarque à la peau; que fi l’on frotte cette même furpeau avec un linge blanc, elle le falit d’une couleur brune; toutes qualités affectées à la bile des negres.... On juge que la bile eft naturellement abondante dans le lang des negres parla force & la célérité du pouls, par l’extrême fubtilité & les autres pallions fougueul'es, & fur-tout par la chaleur con-fidérable de la peau qu’on remarque en eux. L’expérience montre d’ailleurs que la chaleur du fang ell propre à former beaucoup de bile, puifqu’on voit jaunir le lait parmi les blanches quand une nourrice a la fievre. Enfin ne pourroit-on pas regarder en quelque façon la couleur des negres, comme un iéfore noir naturel. i9. Par ce que nous venons de dire, on voit que l’humeur qui forme la couleur des negres, femble être la même que la bile: peut-être que celle qui le filtre dans le foie n« différé que du plus ou du moins; zp. qu’il eft plus que probàhle que la bile fe fépare i^on-feulement dans