N O V l’enfant. On tte voit que trop d’exemples de la communication de ces maladies de la nourrice à l’enfant. On a vu des villages entiers infe&és du virus vénérien que quelques nourrices malades avoient communiqué en donnant à d’autres femmes leurs enfans à alaiter, Si les meres nourriffoient leurs enfans, il y a apparence qu’ils eu feroient plus forts & plus vigoureux : le lait de leur_ mere doit leur convenir mieux que le lait d’une autre femme ; car le fœtus fe nourrit dans la matrice d’une liqueur laiteufe, qui eft fore femblable au lait qui fe forme dans les mamelles: l’enfant elt donc déjà, pour ninlt dire, accoutumé au lait de fa mere, au lieu que le tait d’une autre nourrice eft une nourriture nouvelle pour lui. & qui elt quelquefois allez differente de la premier te pour qu’il ne puiffe pas s’y accoutumer; car on voit des enfans qui ne peuvent s’accommoder du lait de certaines femmes, ils tnaigrilïent, ils deviennent languif-fans & malades: dès qu’on s’en apperçoit, il faut prendre une autre nourrice. Si l’on n’a pas cette attention, ils pendent en fort peu de tems. Indépendamment du rapport ordinaire du tempérament de l’enfant à celui de la mere, celle-ci eft bien plus propre à prendre un tendre foin de fon enfant, «ju’une femme empruntée qui n’eff animée que par la tecompenfe d’un loyer mercenaire, fouvent fort modique. Concluons que la mere d’un enfant, quoique moins bonne nourrice, eft encore préférable à une étrangère. Plutarque & Aulu-Gelle ont autrefois prouvé qu’il ¿toit fort rare qu’une mere ne pAt pas nourrir fon fruit. Je ne dirai point avec les peres de l’Egüfe, que toute mere qui refufe d’alairer fon enfant, eft une marâtre barbare; mais je crois qu’en fe laidant entraîner aux exemples de luxe, elle prend le parti le moins avantageux au bien de fon enfant. Eft-ce donc que les dames romaines, dit’oit Jules-Céfar à fon retour des Gaules, n’ont plus d’en-fans à nourrir, ni à porter entre leurs bras; je n’y vois que des chiens & des linges? Cette raillerie prouve adez que I abandon de fes enfans â des nourrices étrangères ne doit fon origine qu’à la corruption des mœurs. ’ En Turquie, après la mort d’un pere de famille, on ïeve trois pour cent de tous les biens du défunt; on fait fept lots du refte, dont il y en a deux pour la veuve, trois pour les enfans mâles, & deux pour les filles; mais fi la veuve a alaité fes enfans elle-même, elle tire encore le tiers des cinq lots. Voilà une loi très-bonne à adopter dans nos pays policés. NOURRICIER, adj. (Anat.) dans l'xconomie animale, épithete d’un fuc qui ne contient aucun fel fixe, & qui n’eft compofé que de terre & d’huile tenace, dont 1a ténacité dépend de l’eau qu’elle content, & dont une partie le diliipe peu à-peu, & ne fe répare point. Ceft dans ce deiTéchement que conlîlte la caducité, parce que les vaiffeaux devenant plus refterrés,, plus durs & plus roides , ne font plus agiles ni fi propres à former les humeurs qui nourriffeut le corps, & qui lui donnent la force, ni à fatisfaire aux fondions néceiTaîres à la fanté & à la vie. Les fucs albumineux, les gélatineux, les bilieux & l’humeur aqueufe, que les anciens connoilfoient fous le nom de fanç, de bile, de mélancholie, de pituite, ont été appelles par eux humeurs nourricières, parce qu’elles entretiennent la plénitude des vaüfeaux, & qu’elles réparent continuellement la perte de celles qui dégenerent en humeurs excrémeuteufes, & qui font continuellement châtiées du corps, & aulli parce qu’ils croyoient qu’elles fervoient après avoir palfé par différens degrés de-perfection ou de coclion, à nourrir les parties folides: mais la nourriture ou la réparation de la fubftance de ces parties eft fi peu conlidérable & a fi peu de rapport avec la quantité d’humeurs qui fe forme continuellement, qu’il elt très-facile d’appercevoir que toutes ces humeurs de-génèrent prefqu’entièrement en excrétions. Voyez M-Quefnay, Ef. phyf. (L) NOURRIR, ( Jardinage. ) cet arbre, ce bois eft nourri par une bonne terre. Ces paliftfades font bien nourries . Voyez Nutrition. Nourrir les sons., en Mufujtie, c’eft les fbutenîr exadement durant toute leur valeur, au lieu de les laif-fer éteindre comme on fait fouvent: c’eft faire tout le contraire de ce qu’on fait en les détachant. Voyez Détaché. NOURRISSANT, (Chimie & Dieu.) ou nutri-, tif, corps nourri/faut, matière ou fubftance nutritive, ou alimenteufe nourriture. La matière nutritive, ou l'aliment proprement dit, eft tout corps qui étant mangé par les animaux, eft altère chez eux ; de maniéré qu’étant uni & aftîmilé à leur lqbltance, le corps animal prend de l’accroiffement & eft réparé. Tome XL N O V 10? Tous les corps naturels que les animaux peuvent avaler ne font point propres à les nourrir. Cela eft prouvé par une obfervation fuivie; & par le choix confiant de certaines fublknces particulières qu’un induira sût & fidèle fuggere aux animaux . Les minéraux font généralement & principalement exclus de la claTe des corps nour-njjans. Tout ce que les animaux mangent n’eft pas anflî entièrement alimenteux; car dans leur pâture la plus commune fe trouve une portion conliderable de matière eflentiellement alimenteufe, comme nous le prouverons plus bas; & toute cette maffe de matière mangée, in-gcjlorum, ne fe change pas même en chyle, qui eft la forme Ja plus grofïiere & la plus éloignée fous laquelle la matière nutritive fe réduit pour palier par des élabu-jattons ultérieures dans l’état immédiatement propre à s aftimiler à la fnbftance animale; d’où l’on yoit combien font inexactes & fuperficjelles ctrtaines théories de la digeltion, qui ne roulent que fur la divifion, l’atté-.-nuation, le ramollilfement, le paîtrilïemeut, fui aSlio , qe toute la matière mangée, coniidérée indiftuiçtement m concreto ; comme (i le chyle n’étoit antre choie qu’une poudre ou une bouillie de toute cette malle étendue dans un liquide, & non pas un véritable extrait qui n’a be-loin, après une matjication convenable, cjue d’une àp-plication pailible des liqueurs digeltives d’un vajlfeau & d’un degré de chaleur convenables. Voyez digefl. œion. anim. Un examen (impie, facile, mais exaél des phénomènes de la digeftion fait voir qu’il y a dans les alimens ordinaires ( prenant le mot d’alimens dans on lèns moins rigoureux & comme fynonyme de matière mangée, qu’il feroit bien commode de pouvoir appeüer mangeaille), tant tiré du régné animal que du régné végétal, tels que les^. chairs > 'es légumes, les fruits, les femences, &e. qu il y a, dis-je, un parenchyme fibreux, dont le tiflù n’eft que grofîierement divifé par la maftication & par la ^force méchanique des organes digeftifs, en accordant même que ces organes exercent une telle force, qui ré-fifte aulli du moins dans l’homme, & félon les expériences les moins conteftées à l’action dilïblvante des fucs digeftifs, & qui fournit la matière principale & fondamentale des excrémens. Ceci ett encore prouvé par la conlïdératjon fuivante; favoir que les fucs féparés par les opérations vulgaiies de la cuiline de ce parenchyme, P3r exemple, les bouillons, les fucs & les décoctions des fruits, des légumes, &c. fournilTent une nourriture tres-abondante, tarjdisque les marcs ou rélidus de cette operation, c’eft-i dire les parenchymes quand ils font bien e’puife's, font exaétement & abfolument inalimen-teux. Il eft obfervc encore que dans les matières dont fe nourrilfent communément les animaux, & principalement les hommes, fe trouvent certaines lùbllances, loic naturellement, l’oit introduites par art, c’ell-à-dire des aifaifonnemens, qui étant portées avec le chyle dans la malle des humeurs, font bientôt réparées de l’aliment proprement dit par la voie des fécrétions ; par exemple, une quantité conlidérable d’eau, qui fournit la bafe de l’urine, de la tranlpjration, de la plûpart des excrémens; le principe aromatique de certaines plantes & le fel marin qui font chalfét avec l’urine; les acides qui affeSlent principalement la double voie de la tranfpirauon cutanée & pulmonaire; les matières huileufes ou graitïeules qui font employées à la compofition de la graille, de la bile, &c. Il elt connu d’ailleurs que la fubftance propre des animaux, tant l’humeur vitale lymphatique, que tous les organes, & même les plus folides, font formés d’une matière particulière dont l’elfence elt bien déterminée, favoir du corps muqueux ( voyez MüQUEUX, Chimie ), altéré par des chaugemens fucceffifs, qui n'ont point échappe à l’obfervation. Ceci peut même être démontré, en fuivaut les états fucceffifs des organes, animaux depuis celui de mollette, & même de liquidité dans la première tormation de l’embryon, jufqu’à leur état le plus folide dans l’adulte, & en remettant orefque entièrement par une manœuvre facile, par Paét'on du dige-ftt'ur ou machine de Papin (voyez Digesteur) tous ces organes dans leur premier état de mucofité. Si donc la pâture ou mangeaille commune des animaux, contient une fubftance analogue à ce coip.s muqueux, que ce corps muqueux retiré d’un animal pu ffe fournir une nourrirure très-propre aux autres animaux; & (i une matière parfaitement analogue à ce corps fe trouve auflï abondamment répandue dans les fubftances végétales dont les animaux ont courume de fe nourrit; il eft naturel de conclure que cc corps nj.uququx eft la véritable matière nutritive. D d Oc