S E N vi aî que ces derniers fe crovoient fondés à convoquer le Jenat■ dans quelque tems que ce fût 3c lorf-que les intérêts au peuple le requéraient; mais mal-gré cette prétention, par refpeèt pour l’autorité con-lulaire, on ne convoqua jamais de cette maniéré le Jenat, que lorfque les confuls étoient abfens; à moins que ce ne fut dans les affaires d’importance & dans des cas imprévus, ou il falloir prendre une prompte détermination. Enfin, lorfque les décemvirs, les entre-rois ou les triumvirs furent établis pour gouverner la république, ce n’étoit qu’à eux qu’il apparte-noit de convoquer le fénat, comme Aulugelle le rapporte après Varron. Dans les premiers tems de Rome, lorfque l’enceinte de la ville étoit peu confidérable, les fénateurs étoient appelles perfonnellement par un appariteur, ou par un courier, quelquefois par un crieur public, quand les affaires exigeoient une expédition immédiate. Mais dans les tems poftérieurs, on les convoquoit d’ordinaire par le moyen d’un édit qui afïïgnoit le tems 3c le lieu de l’affemblée, & que l’on publioit quelques jours auparavant, afin que la connoiffance 3c la notoriété en fuflenc publiques. Ces édits n’aivoient communément lieu que pour ceux qui réfidoient à Rome, ou qui en étoient peu éloignés. Cependant uand il s’agifloit de traiter quelque affaire extraor-inaire, il paroîr qu’ils étoient auîli publiés dans les autres villes d’Italie. Si quelque fénateur refufoitou négligeoit d’obéir à l’appel, le conful Tobligeoit de donner des lûrecés pour le payement d’une certaine fournie, au cas que les raifons de fon abfence ne fuf-lent point reçues. Mais dès que les fénateurs étoient parvenus à l’âge de foixante ans, ils n’étoient plus aifujettis à cette peine, 3c iis n’étoient plus obligés de le rendre dans les affemhlées, que lorfqu’ils le vou-loient bien . Dans les anciens tems, au rapport de Valérius,les fénateurs étoient fl occupés du bien public, que fans attendre un édit, iis étoient dans l’habitude de fe raf-l'embler d’eux-mêmes fous un certain portique près le palais du Jenat, d’où ils pouvoient s’y rendre promptement, dès que le conful étoit arrivé. Ils croyoient à peine digne d’éloge leur attention à s’acquitter des devoirs de leur état 3c de leurs obligations envers la patrie, fi ce n’étoit volontairement & de leur propre gré, & s’ils attendoient le commandement d’autrui, ou l’intimation qui leur en ferait faite. Mais où s’aflem-bloient ils ? Les anciens Romains, pleins de religion 3c de vertu, avoient doutume d’afiembler le Jenat dans un lieu facré dédié aux aufpices, afin que' la préfenCe de la divinité fervît à faire rentrer en eux-mêmes ceux qui Longeraient à s’écarter des réglés de la probité. Ro-mtilus le convoquoit hors de la ville dans le temple de Vulcain, 3c Floftilius dans la curie Hoftilie. Nous liions, dans les anciens auteurs, qu’après l’expullion des rois, \e fénat s’aflembloit tantôt dans les temples de Jupiter, d’Apollon, de Mars, de Bellone, de Caftor , de la Concorde, de la Vertu, de la Fidélité, 3c tantôt dans les curies Hoffilienne & Pompéienne, dans lef-quelles les augures avoient fait bâtir des temples pour cet effet. Tous ces temples formoient les lieux d’af-femblée du fénat. Voyez Temples des affemblées du fénat. Il y avoit des tems marqués pour affembler le fé~ nat, favoir les calendes, les nones 3c les ides;, excepté les jours des comices, pendant lefquels on traitoit avec le peuple. Dans ces jours là, la loi Papia défen-doit d’affemoler le fénat, afin que les fénateurs ne fuf-fent point diftraits dans leurs fuffrages ; mais fuivant la toi Gabinia, les fénateurs dévoient s’affembler pendant tout le mois de Février pour répondre aux gouverneurs de provinces 3c recevoir les ambaffadeurs. Lorfque le fmat s’affembloit dans les jours fixes marqués ci-deflus, on l’appelloit le vrai fénat ; lorfqu’il s’affembloit hors de ce tems-là, 3c extraordinairement pour traiter de quelque affaire de conféquence 3c inopinée , on le nomment fénat convoqué, 3c il l’étoit alors par le premier tnagiftrat. De-là cette diftin&ion de fénat ordinaire êc de fénat convoqué, que nous Iifons dans Capitolair, cité par Gordianus. Le fénat, fdon l’ufage, s’affembloit toujours le premier de Janvier, pour l’inauguration des nouveaux confuls,qui prmoient alors poffeffion de leurs charges. Il s’affembhit auîli quelques autres jours du même mois, félonies anciens auteurs, 3c il n’y avoit d’exceptés, qu’m ou deux jours de ce mois jufqu’au quinzième. La dirnieré partie de Janvier étoit proba-Tame XV SEN j blement deffinée pour les affemblées du peuple; le mois de Février étoit refervé tout entier par l’ancien ufage auy?#tfi,pour donner audience aux ambaffadeurs étrangers; mais dans tous ces mois généralement, il y avoit trois jours qui paroiffent (avoir été deftinés d’une façon plus particulière aux aflemblées du fénat. Ces trois jours étoient les calendes, les nones 3c les ides; c’ell ce qu’on préjuge des fréquentes affemblées tenues dans ces jours, 3c qui font rapportées dans l’hiftoire; mais dans la fuite des tems Augulle ordonna, par une loi, que 1 q fénat ne pût régulièrement s’afiembler que deux jours du mois, les calendes 3c les ides. On n’afiembloit que très-rarement le fénat pendant les fêtes publiques, deftinées à des jeux, 3c confacrées aux pompes de la religion, telles que les faturnales, ue l’on célébroit dans le mois de Décembre, 3c qui uroient plufieurs jours confécutifs. Cicéron, lorfqu’il rapporte les difputes élevées dans le Jenat en préfen-ce de deux cens fénateurs , appelle l’affemblée tenue dans cette occafion, une afl’emblée plus nombreufe qu’il n’auroit cru qu’elle dût l’être, lorfque les jours faints étoient déjà commencés. Le fénat, dans fes jours d’ailemblée, ne mettoit fur le tapis aucune affaire avant le jour, 3c ne la termi-noit point après le coucher du foleil. Toute affaire propofée 3c conclue avant ou après ce tems, étoit nulle 3c fujette à caffation, 3c celui qui l’avoir propofée étoit fournis à la cehfure; de forte que ce fut une regle fiable, qu’on ne propolat aucune affaire dans le fénat après la quatrième heure de l’après-dînée; ce qui fait que Cicéron cenfure certains décrets prononcés par Antoine dans fon confulat, comme rendus trop avant dans la nuit, 3c qui par cette raifon n’avoienc aucune autorité. On voit cependant un exemple d’une affemblée du fénat tenue à minuit , l’an de Rome 290, à caufe de l’arrivée d’un exprès envoyé par Tun des confuís, pour informer le fénat qu’il fe trouvoit affiégé pâr les Eques 3c les Volfques, dont les forces étoient fupérieures, 3c qu’il rifquoit de périr avec toute fon armée, fi on ne lui envoyoit un prompt fecours,- ce qui lui fut accordé tout de fuite par un decret. C’eft Denis d’Ha-• licarnaffe, /. IX. c. Ixiij. qui le dit. Lz fénat étant aflèmblé, le lecteur fera fans douté; bien aife de favoir la méthode que cette compagnie célebre obfervoit dans fes délibérations. Il faut d’abord fe repréfenter qu’à la tête du fénat étoient placés le dictateur 3c les confuís dans des fie-ges diftingués, élevés, ainfi que nous le croyons, de quelques degrés au-deflus des autres bancs. Par égard pour la dignité de ces premiers magiftrats, lorfqu’ils entraient dans la curie, tous les fénateurs étoient dans l’ufage de fe lever de leurs fieges. Le préteur Décius ayant manqué à ce devoir , un jour que le conful Scaurus paffoit près de lui, ce conful le punit d’avoir méprifé fa dignité, 3c ordonna qu’on ne plaiderait plus a fon tribunal. Manuce croit que les magiftrats inférieurs étoient placés à côté les uns des autres, au-deffous des fieges des confuís, chacun fuivant fon rang; les préteurs, les cenfeurs, les édiles, les tribuns 3c les quefteurs. Il ell toujours vrai que les fénateurs fur leurs fieges, gardoient entr’eux un ordre de préféance, pris de la dignité de la magiftrature qu’ils avoient auparavant remplie . Lorfque Cicéron en parle, il indique cet ordre . C’étoit aufti celui que gardoient les magiftrats en fe plaçant, 3c lorfqu’il s’agifloit de propofer leur opinion, chacun dans fon rang & à fon tour. Quelques favans conjeèlurent que les édiles, les tribuns 3c les quefteurs, étoient affis fur des bancs fépa-rés ; avec cette différence, que ceux des magiftrats curules étoient un peu plus élevés que les autres -Il femble que Juvenal indique cette différence dans fa futiré jx. 52. contre celui qui veut faire voir qu’il a une dignité curule. Ces bancs étoient en quelque forte femblables à nos pctites^chaifes fans doflier . Suétone, dans fa vie de Claude, cxxiij. dit que quand cet empereur avoit quelque grande affaire à propofer au fénat, il s’affejoit fur un banc des tribuns, placé entre les chaires curules des deux confuís. Mais il falloir audi qu’il y eût d’autres bancs longs, de maniere que plufieurs fénateurs pouvoient s’y placer; car Cicéron rapporte, dans les épit.famil. iij. 9. que Pompée appelloit les décifions du fénat, le jugement des longs bancs, pour le diftinguer des tribunaux particuliers de juftice . Indépendamment de la diverfité des bancs, 3c des pièces afïïgnées à chaque ordre de fénateurs, l’un des A z mem- 1