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Panama, le Jucatan & les Honduras. On en trouve
aulfi en quelques 3utres lieux , mais elle n'eft ni fi bonne, ni en fi grande quantité qu'au Mexique. On dit encore qu'il y en a beaucoup & de belle, daus la terre ferme de Cayenne. Comme cette piante aime les endroirs frais & ombragés, on ne la rencontre guere qu'auprès des rivieres , & dans les lieux où la hauteur & l'épaifleur des bois la mettent à couvert des trop vives ardeurs du foleil.
Sa récolte, fa culture & fes vertus. La récolte commence vers la fin de Sepcembre; elle eft dans fa force à la Touflaint, & dure jufqu'à la fin de Décembre. On ignore fi les Indiens cultivent cette piante, & comment ils la cultivent; mais l'on croit que coute la cérémonie qu'ils fonc pour la préparation du fruit, ne confifte qu'à le cueillir à tems; qu'enluite ils le metcent fécher 15 à 20 jours pour en dilfiper l'humidité fuperflue, ou plutòt dangereufe, car elle le feroit pourir; qu'ils aidenc méme à cette évapora-tion, en predane la vantile entre les mains, & Tap-platiflanc doucement, après quoi ils finirtene par la frotter d'huile de coco ou de calba , & la mettent en paquets qu'ils couvrént de feuilles de balifier ou de cachibou .
La vantile contient une certaine humeur huileufe , réfineufe, lùbtile & odorante, que l'on extrait faciiement par le moyen de l'eiprit de-vin. Après avoir tiré la teinture, la goufle refte fans odeur & fans fuc. Dans l'analyfe chimique elle donne beaucoup d'huile eflentielle, aromatique, une aflez grande portion de liqueur acide, te peu de liqueur urineufe te de fel fixe.
Hermandez lui attribue des vertus admirables , mais Hermandez eft un mauvais juge; cependanc les auteurs de matiere medicale n'ont prefque fait que le corner. Ils prétendent qu'elle fortifie l'eftomac, qu' elle aide la digeftion, qu'elle diflìpe les vents, qu' elle cuit les humeurs crues, qu'elle eft utile pour les maladies froides du cerveau , te pour les catharres ; ils ajoutenc qu'elle provoque les regles, qu'elle facilité i'accouchemenc , qu'elle chafte l'arriere-faix : tout cela eft exagéré. La vantile peut par fon aro-mate chaud, étre un bon ftomachique dans Ies occafions où il s'agit de ranimer les fibres de l'eftomac affoibli; elle deviendra quelquefois par la méme raifon emménagoeue te apéricive; fon huile bal-famique, fubtile & odorante, la rend fouvent recom-mandable dans les maladies nerveufes, hyftériques te hypochondriaques ; c'eft pourquoi quelques anglois l'ont regardée avec trop de précipitacion, comme un fpécifique dans ce genre de maladies.
On la donne en ìùbftance jufqu'à une drachme; & en infufion dans du vin, de l'eau, ou quelqu'autre liqueur convenable, jufqu'à deux drachmes. II faut coofiderer qu'elle échauffe beaucoup quand on en prend une crop grande dofe, ou qu'on en fait un ufage immoderé; te cette confidéracion doic fervir pour mdiquer les cas où il ne faut point la mettre en ufage . Nos médecins frangois Temploient rarement, la laiflent feulement en valeur dans la compofition , ou chocolat donc elle faic l'agrément principal. On s'en fervoit autrefois pour parfumer le tabac; mais les parfums onc paflé de mode, ils ne caufenc à-pré(ent que des vapeurs. Je ne connois aucun traité particulier fur la vantile. (Le chevalier de J^avcovrt .)
VANTI É, fi fi (Morale.) le terme de vanité eft confacré par l'ufage, à repréfenter également la dif-poficioti d'un homme qui s'atcribue des qualités qu'il a, & celle d'un homme qui tàche de fe faire honneur par de faux avantages; mais ici nous le reftreignons à cette derniere fignification, qui eft celle qui a le plus de rapporc avec l'origine de l'expreflìon.
Il femble que l'homme foit devenu vain , depuis qu'il a perdu fes fources de fa veritable gioire, en perdane cec état de fainteté & de bonheur où Dieu l'avoit placé. Car ne pouvant renoncer au defir de fe faire eftimer,& ne trouvant rien d'eftimable en lui depuis le péché; ou plutòt riofant plus jetter une vue fixe te des regards allurés lur lui-méme, depuis qu'il fe trouve coupable de tant de crimes, te l'objet de la vengeance de Dieu ; il faut bien qu'il fe répande au-dehors, te qu'il cherche à fe faire honneur en lè revécanr des chofes extérieures: te en cela les hommes conviennent d'autant plus volontiers qu'ils fe trouvent naturellement auflì nuds te auflì pauvres les uns que les autres.
C'eft ce qui nous paroìtra, fi nous confidérons que les fources de la gioire parmi Ies hommes fe rèflui-Tome XVI.
fent, ou à des chofes indifférentes ì cet égard, ou fi vous voulez, qui ne font fufcepcibles ni de bllme, ni de louange, ou à des chofes ridicules, & qui bien loin de nous faire véricablement honneur, font crès-propres à marquer notre abaiflenaent, ou à des chofes critninelles, te qui par confequent ne peuvent S-tre que honteufes en elles-mémes, ou enfin à des chofes qui tirent toute leur perfettion te leur gioire du rapport qu'elles ont avec nos foiblefles & nos défauts .
je mets au premier rang Ies richefles, quoiqu'elles n'hienc rien de méprilàble, elles n'ont aulìì rien de glorieux en elles mémes. Nutre cupidité avide te in-téreflèe ne s'informe jamais de la fource, ni de l'ufage des richefles, qu'elle voit entre les mains des autres, il lui fuflìc qu'ils font riches pour avoir fes premiers hommages. Mais, s'il plaifoit à notre coeur de pal-fer de l'idée diftintte à l'idée confufe, il feroit fur-pris aflèz fouvent de l'extravagance de ces fentimens; car comme il n'eft point eflèntiel à un homme d'étre riche, il trouveroit fouvent qu'il eftime un homme, parce que fon pere a été un fcélérat, ou parce qu'il a été lui-méme un fripon ; te que lorfqu'il rend fes hommages extérieurs à la richefle, il falue le larcin, ou encèniè Tinfidélité te Tinjuftice.
Il eft vrai, que ce n'eft point-là fon intention, il fuit fa cupidicé plutóc que fa raifon: mais un homme à qui vous faites la cour eft-il obligé de corriger par toutes ces diftinttions fé baflefle de votre procédé? Non, il regoit vos relpetts extérieurs comme un tribut que vous rendez à fon excellence. Comme votre avidiré vous a trompé, fon orgueil auflì ne manque point de lui faire ilìufion; fi les richefles n'augmen-tent point fon mérite, elles augmenrent l'opinion qu'il en a, en augtnentant votre complaifance. Il prend tout au pié de la lettre, te ne manque poirit de s'aggrandir intérieurement de ce que vous lui donnez, pendant que vous ne vous enrichiflez guere de ce qu'il vous donne.
J'ai dit en lècond Iieu, que l'homme fe fait fort fouvent valoir, par des endroits qui le rendent ridicule. En effec, qu'y a-t-il, par exemple, de plus ridicule que la vanité qui a pour objet le luxe des habits? Et n'eft-ce pas quelque chofe de plus ridicule que tout ce qui fait rire les hommes, que la dorure te la broderie entrent dans la raifon formelle de l'eftime, qu'un homme bien vécu foit moins conrre-dit qu'un autre; qu'une ame immortelle donne fon eftime & la confidéracion à des chevaux, à des équipages, tic. Je fais que ce ridicule ne parole poinc, parce qu'il eft trop général; les hommes ne rient jamais d'eux-mémes,& par conféquent ils font peu frap-pés de ce ridicule univerfel, qu'on peut reprocher à tous, ou du moins au plus grand nombre; mais leur préjugé ne change point la nature des chofes, & le mauvais affortimenc de leurs attions avec leur dignité naturelle, pour étre caché à leur imagination, n'en eft pas moins véritable.
Ce qu'il y a de plus fàcheux, c'eft que les hommes ne lè font pas feulement valorr par des endroits qui les rendroieuc ridicules, s'ils pouvoient les con-(ìdérer comme il faut, mais qu'ils cherchent à fe faire eftimer par des crimes . On a attaché de l'oppro-bre aux crimes malheureux, te de l'eftime aux crimes qui réuflìflent. On méprife dans un particulier le larcin & le brigandage qui le conduifent à la pocence; mais 011 aime dans un pocencac les grands lar-cins te les injuftices éclatantes qui le conduifent à l'empire du monde .
La vieille Rome eft un exemple fameux de cette vérité. Elle fut dans fa naiflance une colonie de vo-leurs, qui y chercherenc i'impunité de leurs crimes. Elle fuc dans la fuite une république de brigands, qui étendirenc leurs iajuftices par toute la terre. Tandis que ces voleurs ne font que décroufler les pallans, bannir d'un petit coiti de la terre la paix te la tùie té publique, te s'enrichir aux dépens de quelques perfonnes; on ne leur donne point des noms fort hon-néces, te ils ne prétendent pas méme à la gioire, mais feulement à Timpunité. Mais aufiì-ròc qu'à la faveur d'une profpérité éclatance, ils fe voienten état de dépouiller des nations entieres, & d'illuftrer leurs injuftices te leur fureur, en traìnant à leur char des princes te des fouverains; ii n'eft plus queftion d'im-punité, ils prétendent à la gioire, ils olènc non-leu-lemenc juftifier leurs fameux larcins, mais il les con-facrent . Ils affemblent, pour ainfi dire, l'univers dans la pompe de leurs triomphes pour étaler le fuc-Xxxxi	cès
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