I+ P R E F A C E, credit à leurs herefies, ont fait desLivres, qu’ils ont attribuez, à des perfonnes d’autorité, dans lefquels ils ont glifle leurs erreurs, afin de les faire recevoir fous le noni de ces grands hommes. C’eft ainfi que les premiers Heretiques ont fuppofé de faux Evangiles , de faux Aftes , & de fauflès Lettres des Apòtres, ou de leurs Diiciples. Et ceux qui font venus de-puis 5 ont fuppofé des ouvrages, qu’ils ontattribuezà des Auteurs, ortho-doxes, afin de faire gliflèr infenfiblement leurs erreurs dans l’efprit de ceux qui liroient ces Livres; fans s’appercevoir de leur fuppofition. La feconde raifon, quiaporté les hommes à fuppofer des ouvrages fous le nomd’autrui, eft entierement contraire àcelle-ci: c’eft la pieté peu éclai-rée de certaines gens, qui fe font imaginez rendre unferviceàl’Eglife, en fuppofant des inonumens Ecclefiaftiques , ou prophanes en faveur de la Religion, & de la verité : c’eft cette raifon qui a porté quelques anciens Chrétiensà fuppofer fous le nom desSibylles, de Mercure Trifmegifte, & deplufieurs autres des témoignages favorables àlaReligion Chrétienne, & quiafaitcompofer desLivres à des Catholiques, afin de refuter plus facile-ment les Heretiques de leur tems. Et enfin c’eft ce mème motif qui a porté les Catholiques à inventer de fauflès Hiftoires , de faux Miracles , des fauflès vies deSaints, pour nourrir la pieté des Fideles. Or quoi qu’il fem-ble, que le deflèin de ces perfonnes foit loiiable , l’on ne doit pourtant point approuver, qu’on fe ferve de ces fortes d’artifices, pour défendre la verité, qui a aflèz de preuves lolides, fans qu’il foitneceflaired’eninventer de fauflès; ce lui feroit unehonte, d’appeller le menfonge, & la fauflè-té à fon fecours , & il ne faut jamais fe fervir de ces fortes de voìes, que la verité & la fincerité condamnent, quelque bon effet qu’elles puiflènt avoir. La troifiéme raifon de la fuppofition de quelques ouvrages tient comme un milieu entre celles dont nous venons de parler : car il y a des perfonnes, qui ont fuppofédesouvrages, fans avoir d’autre deflèin, quedefe divertir en trompant les autres, & de s’exerceren imitant leur ftile : c’eft par ce motif , que quelques Auteurs ont fait des traitez fous le nom de Saint Cy-prien, de Saint Ambroife, & de Saint Auguftin. Maisilfautavoiier, que cette raifon de fuppofer des ouvrages eft incomparablementmoinsordinaire que les deux autres, & qu’elle eft tres-rare, principalement dans l’antiqui-té: car dans les derniers fiecles, il s’cft trouvé quelques perfonnes, qui ont été bien-aifes de faire eftimer les produ&ions deleurefprit, en les publiant fous le nom des anciens Auteurs celebres, aimantmieux (comme ditl’Abbé de Billi) paroitre, & eftre eftimez fous le nom d’autrui, quededemeurer meprifez, & enfevelis dans les tenebres, en écrivant en leur nom. Voilà lesraifons, quiontpùeftrecaufedesfuppofitionsdesLivres, lamalice, la vanité, la pieté peu éclairée, & le caprice des hommes. Mais