PRELIMINARE. eft citò comme un homme mort depuis long-tems. Troifiémementon ditencorecontre cetre narration, qu’elle eft manifeftement pieine de fables,-& d’inventions de Juifs Helléniffiés. On fuppofe , qu’Eleazar choifit foixante & douze hommes, en prenantfix de chaque Tribu. Or qui ne fijait, qu’en ce tems-là il y avoit des Tribus qui ne fubfiftoient plus, & qui avoient efté tranfportéeshors de Judée par Salmanafar aprés laprife deSamarie. On dira peut-étrequ’ilétoit rette paruri les Juifs des perfonnes iffuèsdetou-tes les Tribus qui s’eftoient retirez dans la Tribu dejuda ; mais comment s’eft-il pu faire qu’Eleazar en trouvàt juftetnent fix de chaque Tribu habiles pour faire cette verfion , cela fent, dit-on, laFable. „ Il eft certain, dit encore un nou-veau Critique, que pour peu qu’on fatte re-„ flexion fur l’Hiftoire d’Ariftée en la lifant a vec ,, application; onferaconvaincu, quequelque „ Juif Hellenifte a écrit cé livrefòus le nom d’A-,, riftée en faveur de fa nation ; les miracles, qui ,, y fontrapportez, &’la maniere méme dont „ tout le livre eft écrit, reprefentent parfaite-,, ment l’efprit des Juifs, lefquelsonttoùjouts ,, pris plaifir, & pàrticUlièrèmerit en.ce te,ms-„ là, à fuppoferdéslivres, quinecontenoient „ prefque que des chofes extraordinaires, il dit , ,, que quelques-uns alant voulu entreprendre „ la traduciion de ces livres , en ont été dé-,, tournez par punition de Dieu , que Theo-„ pompusaìant voulu inferer dans fonHiftoi-re quelque partie de cette Loi, il en perdit l’efprit. Que le mème Theopompus hiant prie ,, Dieu, pendant quelque relàche que luidon-,, na fa maladie , de lui découv.rir la caufe „ de cét accident, Dieu lui revela èn fon-,, ge j que cela lui étoit arrivò , pour avoir ,., voulu rendre communes les chofes divines, „ qui doivent èrre cachées , & qu’il fut gueri aprés s’étfe deiifté de cette entreprife. On ,, Ut au méme endroit, que Theodeéte Poète „ tragique perdit la veué, pour avoir eu late-„ merité d’inferer dans une de fes piecesquel-.„ quechofe de la Bible; mais qu’a'iant depuis „ reconnufafaute, & demandò pardon à Dieu, „ il rècouvra la veué. Enfin les Auteurs des Livres attribuez à Ariftée, & à Ariftobulene difent rien que de grand , & d’extraordinaire. 'Ariftée par exemple, ne fe contente pas de dire, que les Septante apporterent unexemplai-re de la Loi, mais il ajoùte , qu’ils l’appòrte-rent écrit en caraòteres d’or. Il fait prefenter une Requéte au Roi par Demetrius , pour avoir les Livres des Juifs. Il décrit la Tibie, & les autres prefens , que le Roi Ptolomée offrii ati Tempie de Jerufalem d’une maniere T9 qui fent beaucoup la fiction : 'eh un mot, il n’yaprelque pas une feule circonftance de cette narration, qui n’approche beaucoup de la Fable. Cesraifons, &quelques autres qu’on pour-roit encore apporter, ont fait rejetter àplufieurs critiques les Livres attribuez à Ariftée, &à Ariftobule, & il y en a méme, qui paffarit plus avant, ont douté , s’il y avoit jamais eu une verfion compofée par 70. Juifs envoiez à Ptolomée Philadelphe. Pourmoi, quoique •je fois perfuadé , que les Livres d’Ariftée, & d’Ariftobule font fuppofez , je ne croi pas toutefois, qu’on puiffenierabfòlument, qu’il y ait eu une verfion Grecqùe des Livres de la Bible faite du tems de Ptolomée Philadelphe : mais je ne voudrois pas affurer , que la chofe fe foit paflee tout à fait de la méfne ma-’niere, qu’elle eft écrite dans le Livre- attribuì à Ariftée. I Or comme les Juifs font fecondsen fiétions, ilsnefe font pas contentez de debitercellesqui font dans cét Auteur, ils en ont encore àjoiì-té une beaucoup plus extraordinaire , en fup-pofant que ces foixante -& douze perfonnes avoient efté enfermez feparémentchàcuh dans une cellule, & qu’ils avoient tous’tràduit l’E-criture d’une méme maniere, énfortéquetou-tes leurs verfions s’étoient trouvées conformes, non-feulement.dans le fens, mais .auffi dans les termes. . C’eft fiir ce fondement que Fon a dit , qu’ils avoient efté !inip>irez de Dieu., & que leur verfión devoit eftte cohftdé-rée comme un oiivrage tout divin; Qùelques Peres, qui fe font beaucoup attadreZ à faire valoir l’autorité de cetre verfion, ont ajou té foi à cette fiction des Juifs; A mais faintJerome, qui avoit examiné.c.es chofes plus exaéfement, & qui préferoit le texte Hebreu à la verfion des Septante, s’eneftmocquéaVecraifon, puifque ni Ariftée, nijbfeph, ni Philon, quiont fait les premiers l’Hiftoire de la verfion des Septante, n’ont rien dit de cesceliules, & que méme au contraire Ariftée, ou l’Auteur du Livre qui porte ce nom , dit que les Septante firent cette verfion en conferant enfemble. C’eft fur le témoignage des mèmes Auteurs, quefaint Jeróme allure, quelesSeptanten’ont traduit que les. cinq Livres de Moì'fé. Ariftée , Àriftobule & Philon difent qu’ils n’ont traduitquelaLoi, terme qui fignifieordinaire-ment le Pentateuque feul. Et quand on pour-roit l’entendre de tous les Livres de l’Ancien Teftament, cequin’eftpas, Jofeph exclut cette expìication, en difanrque cetteLoiétoitcelle duLegiflateur des Juifs, ce qui rie convieni: h 2 qu’à