3© D I S S E R unanime de toutes les nations, & de tous les hom-mes: perfonne n’en a doutéavant ces derniers fieclcs. Mr. Huet, foutientquetoutes lesReligionsavoient puiféleur Theologie dans les Livres de Moyfe, dont ils avoient changé les Hiftoires, pourlesaccommo deràlafable. Ilprétend, parexemple, quel’Adonis des Pheniciens., quele Mercure, l’Ofiris, le Serapis, 1’Anubis, & lesautresDieux des Egyptiens, quele Zoroaftredes Perfes, & les Divinitez des Occiden-taux, Que le Cadmus, FApollon, le Priape, l’Efcu-lape, le Promethee, & les autres Dieux desGrecs. QueleJanus, leFaunus, leVertumnus, l'Evander rdes Latins. En un motquetousles Dieux de laFable dònt pris desLivres de Moyfe, dont on a degnile l’Hi-floire. Mais ces conjettures n’étanttout au plus que probables, ne peuvent pas fervir de démonftration d’uneverité, qui eft établie clairement fur desprincipes inconteftables. e Et par des témoìgnages authentìques des pitti anciens Auteurs.} C’eftune traditioncontinuelle des Aureurs depuis le tems qui approche de plus prés Moyfe juf-qu’à nous, & comme Fon ne peut douter, que le •Pcemed’Homere ne foit de lui, parce que tous les Ecrivains, qui ont écrit depuis lui, le lui ont attribue, i’onnepeut non plus douter raifonnablement, que cesLivres ne foient de Moyfe. On apporte or -•dinairement l’autorité d’un certain Sanchoniaton, qu’on prétend avoi-r vècu avant fa guerre de Troye, .& avoir écrit l’Hiftoire des Pheniciens traduite en Grec par Philon de Biblos, où il y a plufieurs chofès prife5 desLivres de Moife. Mais il n’eft pas certain, que cet Auteur foit fi ancien qu’on le dit. On prétend auliij qu’Homere, & Hefiode ont pris plufieurs chofes des Livres de Moyfe, & cela eft affez proba-ble. On dit la méme chofe des Philofophes, comme de Thales, dePythagore, d’Anaxagore, de Socrate, -& de Platon: mais tout cela fe dit par con jettu re. Il fautdonc principalement s’arréter aux témoìgnages des Auteurs., quidifeotpofitivement, que Moyfe a été le Chef , & le Legiflateur des Juifs ; tels que font Manethon rapportò par Jofeph au Livre premier contre Appion, Philocorus d’Athenes, dont parie l’Auteur,- de l’exhortation aux Gentils attribuée à faint Juftin ; Polemon cité par le méme Auteur, Eupo-lemus ciré par Alexandre Polyhiftor rapportò par Eufebe, Apollonius Molo ciré par Jofeph: Caftor cité par l’Auteur de Fexhortation aux Gentils. Diodore de Sicile rapportò par les mémes Auteurs , &par faint Cyrille au Livre premier contre Julien , quoi que dans nos exemplaires, il ne parie point de Moyfe, mais de Minues , qui eft l’Ofiris des Egyptiens, Cheremon Auteur de l’Hiftoire d’Egypte cité par Jofeph , Trogue Pompée abregé par Juftin , qui fait Moyfe auteur des Loix des Juifs, Nicolas de Damas ciré par Jofeph: Mendifius cité par l’Auteurdel’ex-hortation aux Gentils par Tatien, par Eufebe, par faint Cyrille, Svrabon qui fait Moyfe Auteur de la Religion , & des Loix des Juifs. Appion , lequel quoi qu’ennemi des Juifs, fuppofe, que Moifeeft Auteur de leùrs Loix, Juvenal quiparledes volumes -de Moyfe , Satyr. 14. Tradidit arcano quodcumque 'volumine Mofes, Ptolomée d’Alexandriequil’appelle TATION le Legiflateur des Juifs, Piine, Tacite, Juftifl qui Font confiderò de méme. Numenius a remarqué que Platon é:oit un Moyfe grecifant. Longinloue le commencement de la Genefe , & le donne pour un exempte du fublime, appellant l’Auteur de ces paroles le fage Legiflateur des Juifs. Porphyre & Julien , écrivant contre la Religion des Chrétiens ont reconnu , que les Livres du Pentateuque étoient de Moyfe. Il faut ajouter à ces Auteurs ceux qui ont rapportò des Hiftoires qu’ils onttirées manifeftement des Livres du Pentateuque , comme Hecatée, Berofe , Abidene , Manethon , Eu-polemus , Alexander, Polyhiftor Artapanus , Demetrius le Juif, & les autres citez par Jofeph dans fon premier livre contre Appion , par l’auteur de Fexhortation aux Gentils, parfaintClementd’Ale-xandrie, & par Eufebe dans fes Livres de laprépa-ration Evangelique. Je paffe fous filence Philon, Jofeph , & les autres Juifs , qui fuppofent comme unechofecertaine, que Moyfe eft auteur de laLoi desJuifs, entendant par ce mot les cinq Livres du Pentateuque. Le Pentateuque Samaritain nous fournit encore une preuve convaincante. Caraprés ladivifion du peuple d’ifraél faite fous Roboamfils deSalomon, les dix Tribus conferverent le Pentateuque écrit en carattere Samaritain , qui eft Fan-cien carattere des Hebreux, d’où il faut conclure, que Fon avoit dés ce tems le Pentateuque enl’état qu’ileftprefentement, & qu’on l’attribuoità Moyfe. L’on ne peut douter de l’antiquité du Penta-teuque Samaritain , puifqu’il eft écrit en caratte-res, qui n’ont plus été en ufage depuis la captività de Babylone. LaverfiondesSeptante, quieftaffu-rémenttres ancienne, eft auffi une preuve, queles LivresduPentateuquefont de Moyfe. Enunmot, tousceux qui ont parlé du Pentateuque, foit Juifs, foit Chrétiens, foit Payens ont tous fuppofé comme une chofe conftante, que ces Livres étoient de Moife. C’eft étre bien temeraire d’oppofer des con-j ettures tres- foibles au confentement generai de tous leshommes. f Et ruinerpar oonfequent lefondement de noftre Reli-gion.'] Une des grandes preuves de la veritéde noftre Religion, c’eftfonantiquité, quieftprincipalement appuiée fur Fantiquitédes Livres de la Loi. Or s’ils ne font point de Moyfe , s’ils portent fauiferaent fon nom, quelle preuve aura-t’on de leur antiquité? C’eft donner occafion aux libertins de s’en moquer, 8c de les confiderer comme des Livres fabuleux & faitsà piaifir par de nouveaux Juifs depuis la captivité. g ■jguandce qu’ils alìeguent feroit veritable, & proti-•veroient, feulement, &c.J Voicilesobjettions quele Rabin-AbenEfra, Spinofa l’Auteur dulivredesPre-damites, le Pere Simon Se quelques autres propo-fent contrel’antiquitédeslivres deMoyfe, & les ré-ponfes qu’on y peutapporter, qui en font voir la foi-blefle. La premiere objettion eft tirée de ces paroles da Deuteronome. Vbiciles paroles que Moyfeprononpa de-vant tout lepeuple d’ifraèl au delà du fourdain^ Trans Jordanem. Celanepeutpasavoiréte'écrit, dit-on, par Moyfe, qui n’a point paflé le Jordain, non plus que