DES AUTEURS E C C L E S I AS T I QJJ E S. Nefit- car fi l’on ne peut pas dire que Dieu eft né, on ne peut pas dire que la Vierge Marie eft mere d’un Dieu. Il avoiioitqu’on pouvoit l’appeller Mere du Chrift , c’eft-à-dire , de la perfonne compolee des deux natures ; mais il ne pouvoit comprehdre comment elle pouvoit eftre appellée Mere de Dieu. Ce fut ce terme, comme nous avons vfi, qui fut l’origine de la querelle. Il eftoit en ufage dans l’Eglife, & tout le monde fut fcandalizé de l’entendre condamner par Neftorius & par fes difciples. Le peuple crut auffi-tót qu’il ne reconnoiffoit point de divinité en Jesus-Christ , puifi qu’il ne vouloit pas fouffrir que fa Mere fùt appellée Mere d’un Dieu. Mais les f^avans reconnurent bien que fon erreur ne confiftoit pas en ce point, mais en ce qu’encondamnantcetteexpreffion, il rui-noit Funion des deux natures en une feu-le perfonne, &fembloit n’admettrequ’u-ne union morale entre elles. Les compa-raifons dont il fe fervoit, portoient ancore à croire qu’il eftoit dans ces fentimens. Car il difoit que l’humanité eftoit en J e-s u s-C hr i st le tempie , l’habit, le voile de la divinité, & comparoit l’union de ces deux natures à l’union du mari & de lafemme. D’où Fon conciuoit qu’il n’ad-mettoit point d’autre union entre les deux natures, qu’une union de vertu & devo-lonté, & non pas une union réellefubftan-cielle, quelques proteftations qu’il fift de reconnoitre qu’il n’y avoitqu’un Chrift & qu’une feule perfonne. II eft vrai que l’obf-tination deNeftorius àrejetter le terme de Mere de Dieu, & les autres expreffions fem-blables, qui fuivent de l’union fubftan-cielle des deux natures, a fait juger qu’il ne reconnoiffoit pas l’union hypoftatique des deuxnatures, quoi-qu’il n’ofàt pas a-vancer qu’il y avoit deuxperfonnesréelle-ment diftinéiès en J e s u s-C h r i st, ni découvrir ouvertement qu’il n’admettoit qu’une union morale entre les deux natures. 11 a méme declaré que le terme de Mere de Torni I IT. Dieu ne lui faifoit de la peine , que parce Nefio-qu’il croyoit qu’il établiffoitl’erreurd’A- r,us' rius & d’Àpollinaire, qui confondoientles deuxnatures. Mais il fe trompoit en cela, & fon obftination à refufer d’approuverun terme innocent, &de reconnoitre les expreffions qui eftabliflént l’union réelledes deux natures en une feule perfonne , ont efté un fondement legitime & fuffilàntpour le condamner, & une preuve de fa mauvaife intention. C’eftce quefonamiJeand’An-tioche avoiie dans la lettre, par laquelleil l’exhorte à reconnoitre le terme de Mere de Dieu , où il lui marque , que quoi-qu’il foit perfuadé que fa doftrine eft orthodoxe, le refus opiniàtre qu’il fait d’avoiier que la Vierge eft Mere d’un Dieu, pourroit le faire foup$onner d’eftre dans l’erreur. On ne peut pas mefme douter que cét Evé-que n’ait enfin reconnu que Neftorius é-toit dans l’erreur, & que fon obftination eftoit puniffable , puifqu’il l’abandonna, & ne voulut plus le fouffrir dans fon Dio-cefe. Theodoret l’a défendu plus long-temps ; mais il a efté enfin obligé de le condamner , comme nous remarquerons dans la fuite. Quel moyen de le défendre, aprés que fes plus intimes amis l’ont reconnu coupable ? Les Fragmens des Oeuvres de Neftorius confirment le jugement que les Anciens ont porté de fon ftyle & de fon carattere d’efprit. Il paroit par ce qui nous enrefte, qu’il parloit avec facilité & avec netteté, mais que c’eftoit un petit genie, qui avoit peu d’élevation & peu de nobleffe d’efprit. Tout Fornement de fes Sermons confifte en des defcriptions, des metaphores & des apoftrophes; ils font fecs & décharnez. Du refte, ils font d’affez bon fens, &les penfées en paroiffent affezjuftes, à fon erreur prés. Il avoit peu d’érudition , peu de fcience , mais il faifoit affez valoir ce qu’il fgavoit. I JEAN