DES AUTEURS e^6»/o?ie»(ent : quel fpeótacle d’humilité de voir la de S. Ber-,, pompe des chevaux & tour cet équipage; nard ì- „ une confufion d hommes&de valets, defor-Guillaume,, te que la iuite d’un feul Abbé ferole le plus c^bbéde «fouvent celle de deux Evèques. Que je fois S«r« „un menteur, s’il n’eft vrai que j’ai vu un Ab Thierry. )} 50 feu| accompagné de plus de foixante che j>vaux; qui prendroit ces Abbez pour lesPeres „ des Moines & pour des Pafteurs des ames ? »ou più-tòt qui ne les prendroit pas pour des „ Gouverneurs de Villes & de Provinces ? On 3, voit enfuite tranfporter le linge de table, les «-gobeìets, les baffins , les chandeliers ; les „ valile? pleines de bagage de litsj &le Mai «tre eft prefque éloigné de quatre lieuès de s,fa maifon, que l’arrieregarde de fon équipa-„ge y rauche encore : on prendroit ces ap-„prcts pour un. convoy d’arthée , qu cornarne s’il éioit queibon de traveder une Foreft « où fon pourroit manquér d,es chofes neceflai-}, res : Ne pourroit-on boire du vin & verfer de „ l’eau fur les mains d’un mème vafe ? une chan-3, delle ne pourroit-elle t’éclairer que dans ce «chandelier d’or ou d’argent que tu portes? ne ,, pourrois-tu dormir fur un autre lit ou fous j «une autre couverture que celle que tu charies? » unmétne valet nepourroit-ilpaspenfer tabéte, ,3 fervir à la table & faire le lit ? fi tu me dis que «c’eft pour ótre moins à charge àl’Hòtelerie, «pourquoi tous ces valets ne portent-ils chacun ,, leur équipage ? Il n’épargne pas méme la ma-gnificence des Moines dans les bàtimens de leurs Eglifes, & dans leurs ornemens ; Màis tout „cela,dit il,n’eftencorerien, parlons des chofes 3> de plus grande conlequence, & d’autant plus 3, grande, qu’èllesfe fon t renduès plusordinaires. «Jene veuxpoint parler des dimenfions de nos «Eglifes, deceshauteursimmenfes, deces lon-,, gueurs démefurées, deceslargeursfupt-rfluès, „ de ces fomptueux ajuftemens, de ces peintures «curieufes , lefquelles attiratlt à l’envi les yeux 3, des Affi-ftans, en divertifiènt la devotion, & ne „ reprefentent à mon efprit que ces anciennes cesi remoniesdu Judaifme. Mais je veux que tout cela fe fafiè à la plus grande gioire de Dieu : „Je domande ( je fuis Moine, Ss je parie à des 3, Moines) jedemando, dis je, à des Moines ce „ qu’un Payen demandoit autrefois à des Payens : «Dites-moi, Prétres, quefait l’or dans lelieu «Saint ? & moi je prens fonfens fans m’arrérer «àfesparoles: dites-moi, pauvres ( fi toutefois „ on vous peut appellerdes pauvres ) que fait l’or ,, dans le Sanótuaire ? je ne parie point des Evè-,, ques & de leurs Eglifes,on en doit juger rout au-,, trement que decellesdes Moines; nousf^avons i „ que les Evèques font redevables aux fages & aux ' 3,fois; qu’ils excitem par ces images, & qu’ils) «revei'llent par les chofes fenfibles la devotioni ECCLESIASTI Q^U E Si 8f „ des Peuplesqu’ils n’avoient piileurinfpirerpar „ les fpirituelles. Mais nous qui ne fommes plus de S. Ber-,, dansleSiecle, quiavons abandonnéiouteslesMrd à ,3 beautez & les richefies de la vie pour fervir à Guillaume «Jesus-Christ; quiavonsfouiéauxpieds tour <^bbéde «cequibrilleauxyeuxdu monde, qui nous fom- » mes éloignés des concerrs de Mufique, des Thierry, «Calfoletres, desplaifirsdu gout, dutoucher, ,, & de tous les fens, pour gagner Jesus-Christ,. „ àqui voulons-nous donner de la devotionpar «descontentemensque nousavons quittéspour «elle? quel fuccez eft celui que nousattendons ,,de toutes ces merveilles ? les admirations des „rols ou la latisfatìion des fimples.N’eft-ce point „le commerce que nous avons avec le monde « qui nous fair prefenter de l’encens à fes Ido-,,les? & pour parler plus ouvertetnentn’cft-„ce pas l’avarice , cetre efpece d’idolatrie qui-„nous fait agir ? n’eft-il pas vrai que nous ne « cherchons pas le falut, mais les richefies des «peuples. Si vous me demandez commenti „j’en découvrirai le fecret qui eft admirable. il „y- a un certain art delemerl’argent quilemul-« tiplie ; il coule comme les rivieres & fe grof-„fit; la profufion qu’on en fait en caule l’abon-„ dance: caria vuè de toutes ces fomptueufes «Scmerveilleufes vanitez, fufpendtellement& ,,les yeux & l’efprit de ceux qui les regardent, «qu’aulteu d’offrir leur cceur à Dieu , ils pre-,, lèntentleur argent auxhommes, & voilàcom-« me les premieres richefies engloutifient les au-„tres,& comme l’argent des Moines eli un appas « pour celuides fimples; caronajene fqai quelle ,, tnclination de jetter de l’eau à la Mer, & de ,, donner à ceux qui font bien riches; ils couvrent «d’or les Reliques desSaints, &l’ons’en vient «tout ébioiiipour les toucher, les yeux fermés,. ,,la bourfe ouverte ; on expofe les Images au ,, Jugement du peuple; les plus belles & ies mieux „paréesfont toùjoursles plusfaintes; les hom-«mes courent pour les baifer, on les invite au « baffin, & puis on les renvoie chez eux bien plus «remplis d’adtniration pour les ornemens que „ pour les chofes facréesde nos Eglifes. Aprés on ,,vous fufpend dans l’Eglife , non pas des «Couronnes, mais de grandes rouesde pietre-. „ries. Onmélela lumiere des flambeaux avec ,, celles des pierres précieufes. On voit au lieti „ de chandeliers monrer de grands arbres „ d’airatn, dont le poids & la fagon font éga-„iement admirables, aufiì luifans de la lumie->, re de leurs cierges , que de l’éclat des dia-,,mans. Q'ie penfés vous que l’on préten-„de dans toutes ces belles chofes, la com-» ponrfìion veritable des pecheurs ou leur ad-„miratton? Ovanité desvanitez! maisquin’eft „pas plus une vanite qu’elle eft une loliei «L’Eglife reluit en fes murailles : & fouffre L q «dans