PREFACE HISTORIQUE. IV donne enfin d’au Public le Dictionnaire Universel de Commerce , annoncé depuis fi long-tems, & attendu avec tant d’impatience. Si l’utilité d’un Ouvrage & la réputation de Ton Auteur, font capables de lui a durer quelque lüccès, il femble qu’il n’y en a guéres pour lelquels on puifie s’en promettre un plus heureux que pour ce nouveau Dictionnaire; puilque du côté de l’Ouvrage, fi l’on en excepte ceux que la Religion a conlacrés & qu’elle rend refpeêiables, il n’y en a point dont la matière foit plus intérelTante, plus étendue, & plus nécelïaire ; & que du côté de l’Auteur, peut-être n’y en avoit-il aucun plus en état de l’entreprendre, & plus capable, s’il eût vécu, de le pouffer à fa dernière perfedion. En effet, pour ne parler d’abord que de l’utilité de la matière qu’on traite dans ce Dictionnaire, il faut convenir qu’il n’en eft point qui intéreffe plus de gens, & dont il foit plus néceffaire & plus avantageux d’être inftruit. II efi vrai que la Profelfion de Marchand n’eft qu’une Profeiïion particulière, qui fe confond dans le nombre de tant d’autres Profeiïïons auxquelles les hommes s’occupent , & dont, pour ainfi dire, ils ont fait le partage entr’eux. Mais à l’égard du Commerce, c’eft un moyen univerfèl qui s’offre également à tout le monde. Les Etats les plus floriiîans y trouvent leur force & leur gloire; les Souverains le fonds le plus jufte & le plus fur de leurs finances ; & tous les Particuliers, même ceux qui aiment tant à fe diftinguer des autres par les titres & les honneurs de la Milice ou de la Magiftrature, les richeffes de leurs Maifons, l’établiffement de leurs Familles, & le feul moyen de habiliter avec commodité & même avec éclat. Qu’on parcoure tous les âges du Monde; l’Hiftoire des Nations mêmes les plus guerrières > eft bien autant l’hiftoire de leur Commerce que celle de leurs Conquêtes. Si les grands Empires s’établiffent par la valeur & la force des armes, ils ne s’affermiffent &ne ie foû-tiennent que par les lêcours que leur fourniftent le négoce, le travail & 1 induftrie des Peuples: & les Vainqueurs languiroient & périroient bientôt avec les Vaincus, fi luivant l’expreifion de l’Ecriture, ils ne convertiffoient le fer de leurs armes en des focs de cha-rues ; c’eft-à-dire, s’ils n’avoient recours aux richeffes que produifent la Culture des terres , les Manufactures & le Commerce, pour conierver parles Arts tranquilles de la paix, les avantages acquis dans lés horreurs & le tumulte de la guerre; ^ Pour entrer avec plus de détail dans la preuve de ce qu’on vient d avancer en general, de l’utilité & de l’excellence du Commerce, on va faire, pour ainfi dire, quelques excur-fions dans l’Antiquité la plus reculée; & de-!à ramenant l’hiftoire du Commerce jufqu à no-tre tems, on ie flate de pouvoir établir iblidement, par les exemples qu on en raportera, que les Nations n’ont été & ne font puiiTàntes, que les Villes ne font riches & peuplées, qu’autant qu’elles ont pouffé plus loin & plus heureufement leurs entreprifes de Commerce ; & que les Princes eux-mêmes n’entendent bien leurs intérêts, & ne rendent leur Régne floriffant, & leurs Etats heureux, qu’à proportion des fecours & de la protection qu’ils accordent au Commerce de leurs Sujets. Tome I, a kss | La première Edition dont il s’agit ici parut en 171 J. en deux Volumes in fol, J