1245 COUTELIER. ce , & chef-d’œuvre ; a la réferve des fils de Maîtres, qui ont l'ervi î ans chez leur Père, & des com-. pâgnons étrangers, qui ayant fait dans les villes des Provinces leur aprentiffage de 3 ans, font reçus a M ùtrife par chef-d’œuvre, pourrai qu’ils ayent encore été compagnons chez un Maître de Paris 3 années confécutives. Les vifites des Jurés le font de droit tous les i? jours: mais il leur eft libre de les faire plus Souvent, Ôc quand bon leur femble ; a la charge neanmoins de faire raport des contraventions , & c 10 es ai ie , dans les 24heures, pardevant le Prévôt de Pans, ou en la Chambre du Procureur du Roi. Chaque Maître eft obligé d avoir un poinçon, ou marque, pour marquer fon ouvrage, qui doit lui êtrudoùnS pari« 4>r«'s; avec dcferfe de prendre, ou imiter.U poinçon ou marque les ui des autres : étant pareillement défendu aux Couteliers, travaillai hors la Banlieue de Pans, d avoir aucune marque femblable à celles des Maîtres de la Ville, ni meme d’en avoir aucune. . , Les Veuves reftânt en viduité, ont le privilège de continuer le métier a boutique ouverte, & d a-voir des Compagnons, mais non des Aprentits, a moins qu’ils n’ayent été commencés par leurs maris. Les lilles & veuves de Maîtres affranchitlent es Compagnons qu’elles époufent. Les marchandifes foraines de Coutellerie ne peuvent êtie «portées, ni vendues dans la Ville, taux-bourgs & Banlieue de Paris, qu’elles n ayent été vih-tées des Maîtres Jurés; ni les Maîtres en acheter avant leur vifite ; non plus que les meules, mouleaux , baleines, femillons * ôc autres telles marcha» 1 es fervant au métier , apportées par les Forains. Aucun Remouleur , s’il n’eft Maître, ne peut repolir & remoudre neuve ou vieille befogne e tellerie dans les places &• marches publics de Pans , non plus que s’établir de petites boutiques ou lieux arrêtés , dans aucune des rues de ladite Ville, n fervir de poiiffoir ’a Pémeril, ou autrement : leur étant pareillement défendu d’emmancher aucunes al- faifant commerce de marchandifes de Coutellene, de tenir cheveux aucun Compagnon, pour ’ tra 1er dudit métier, ni d’avoir des meules ôc des polii- f°lT'feroit trop long,& peut-être affez inutile, d’ex-plicmer ici tous les divers ouvrages que font les Couteliers , ou qu’ils peuvent faire en conféquence de leurs ancien? Statuts ; l’ufage & la mode de plufieurs étant préfentementpaffés : & d’ailleurs on fait affez mie ce font eux, qui font tous les outils, inftrumens & ferremens de Chirurgie & Barbarie* comme âuifi toutes fortes de Couteaux de poche , ou de table, des Serpettes, des Canifs , des J inces à tirer le poil, de grands & petits Cifeaux, des Poinçons, des Etuis de Fauconnerie, meme des inftrumens d’Aftronomie , >’>b font capables de les entreprendre ; le tout grave , cifelé & am q d’or & d’argent, avec des manches de toutes fortes de matière ; comme bois, corne , vvoire , baleine , émail, écaille de tortue, ôcc. a lareferve neanmoins des manches d’or , ou d’argent, qu’ils peuvent a la Vérité monter, mais dont ils doivent fe fournir chez les Orfèvres. c Tl eft aufii permis aux Couteliers, par une Sentence du Lieutenant Général de Police de Paris, ^commencement du XVIIIe fiécle, de vendre en détail des pierres a rafoir, dont néanmoins ils ne peuvent faire aucune montre dans leurs boutiques : leur e-tant même défendu d’en avoir chez eux en rélerve Plus d’un cent a la fois ; le commerce en gros de cette marchandife étant du fait des Marchands Merciers , particuliérement de ceux qui font la Quincaillerie. Î24Ô Injirumens & Outils des Aldittes CrutclicYs. Les Couteliers ont parmi leurs outils & inftrumens , la plupart de ceux dont fe fervent les Serruriers, Eperonniers, ôc autres Artifans, qui forgent le fer, le courroyent, le liment Ôc le polillënt ; comme font, entr’autres, la Forge avec fon lcufHet, fes tifonniers, fes tenailles ôc fon auge ; la grotle Enclume, & la groffe Bigorne ; des Marteaux de différentes groffeurs, les Bruniffoirs Ôc PolilFoirs * les Forets a chevalet ôc a palette, des Limes de toutes fortes, & plufieurs autres tels outils. Ils ont auffi de commun avec les Tabletiers ôc Pei-gniers , des Scies ordinaires, des Scies a main , Ôc des Scies a refend , pour débiter la corne, 1 yvoire, 1 e-caille de tortue & les bois, dont ils emmanchent ôc montent divers de leurs ouvrages ; des Efcouennet-tes, & des Râpes, pour les dreffer & achever; Les machines ôc outils qui leur font propres, font particuliérement la roue, dont les principales parties font, la chaife, la manivelle, la corde, & le chevalet garni de fon oreiller, l’auge , les meules de grès* les poliffoirs de bois avec leurs poulies : le Tas & fa Chaffe, pour rabattre & fermer les mitres des lames des couteaux de table : quatre fortes de Pierres a repaffer ; {avoir, la Pierre de Levant pour les cifeaux , la Pierre de grès pour les couteaux, la 1 îerré de liège pour les rafoirs, & une Pierre verte pour les lancettes, avec la burette a l’huile pour trois dé ces pierres, ne fervant pas pour celle de grès. Ils ont encore unRofetier d acier, pour couper les rofet-tes, dont ils ornent les manches ou montures de leurs rafoirs ; & un Plomb pour les fraper, Ôc couper det% fus. Enfin, ils fe fervent de Potée d’étain pour le poliment des lancettes, ôc d’Emeril pour tout le refte. Lc^c-Emeril & Etain. Les Couteliers appellent la Montre, une boête plus haute que large, couverte d’un verre , qu’ils dreffent fur le devant de leurs boutiques , ôc dans laquelle ils enferment quelques-uns des ouvrages de leur metier, les mieux faits , Ôc les plus polis, pour indiquer leur profeffion, ôc convier les Chalans a l’achat. r Cette montre leur eft commune avec les .Orfèvres* les Jouaiiliers, quelques Marchands du Palais,les Doreurs fur métail, & quelques autres. On ne mettra ici que la defcription de la Roue des Couteliers ; renvoyant tout le refte de leurs outils ôc inftrumens aux différens Articles de ce Di&ionnaire* qù l’on en parle* fuivant leur ordre alphabétique. Roue des Couteliers. Ces Ouvriers fe fervent dhine Roue , pour donner le mouvement aux meules fur lefquelles ils ont coutume d’émoudre, affiler, remoudre ôc repaffer tous les outils ôc inftrumens tranchans de Chirurgie , de Barberie, ôc de ménage, comme les lancettes, couteaux, cifeaux, rafoirs, ôte. Cette Roue a ordinairement 6 a*7 pies de diamètre: autour de fa circonférence extérieure , c’eft-à-di-re, de fes jantes , qui ont environ ç pouces d epaif-feur, eft creufée une cavité, ou canelure, affez profonde pour recevoir une groffe corde a boyau. Dans le centre de la Roue eft le noyau, où aboutiffent tous’ les rais ou rayons de la Roue. Enfin, le noyau eft traverfé d’un axe , ou arbre de fer, garni d’un côté de fa manivelle auffi de fer, qui roule dans un manche de bois. L’arbre qui traverfe le noyau , pofe des deu* bouts fur ce qu’on appelle la Chaife de la Roue , c’eft-a-direfur deux jumelles de bois, parallèles l’une a l’autre, dreffées d’aplomb iur deux femelles , ôc areboutées chacune par deux liens en contrefiches * auffi de bois ; enforte que la Roué eft élevée perpendiculairement fur l’horifon. Vis-a-vis, ôc fur le même plan de la Roue , eft la meule a remoudre , pofée fur une auge de pierre* ou