AVERTISSEMENT. crétion ? A-t-on jamais établi des maximes de pieté plus iolides & plus raifonnables? Jufqu’alors les Théologiens avoient alfez négligé la politeife du langage; dans ce dernier Siecle, ils ont cultivé avec loin les Langues vivantes pour exprimer d’une maniéré noble & agréable les vérités de la Religion. Les Siècles précedens ont porté un petit nombre de Savans; on n’y a ordinairement excellé qu’en un ieul genre d’érudition, & le commun des Théologiens avoit des lumières très-bornées ; dans celui-ci, nous avons plusieurs Savans du premier ordre; les demi-Savans en ont lu, &en Savent beaucoup plus que la plupart des plus éclairés des Siècles précedens; & le commun des Ecclefiaftiques a des connoiiïàn-ces affez étendues fur la Théologie. On y a excellé dans toutes les parties de la Science Ecclefiaftique; & les moins favans en ont eu une teinture generale. Le difcernement, le bonièns, & le bon goût n’ont jamais été plus univerfellement répandus ; jamais on n’a étudié de ii bonnes choies, fi à fonds & avec tant de fruit, jamais on n’a tant approfondi les queftions; jamais on n’a gardé tant de précifion & de méthode dans les Ecrits. Enfin on peut dire que, faifant une jufte-comparaifon de ce Siecle avec les précedens , il ri’y en a point qui l’emporte for celui-ci, & qu’il ne doit ceder à aucun autre. Je ne prétens pas néanmoins qu’il foit exemt de défauts, j’a-vouë que quoiqu’il ait produit d’excellens ¿tuteurs, il a encore porté une foule defoibles & mauvais Ecrivains, qui ont rempli le monde d’une infinité de pitoiables Ouvrages. Je reconnois qu’entre les bons Auteurs, il y en a quelques-uns qui ont écrit avec trop de chaleur, &qui n’ont pas gardé les mefures; je ne dis pas feulement de la charité Chrétienne , mais même quelquefois de l’honnêteté. Je ne puis pas diffimuler qu’il n’y ait eu de l’excès de curiofité dans plufieurs Critiques ; je blâme ces longues & opiniâtres difputes entre des gens de Lettres fur des queftions de peu d’importance; & je plains quelques Savans