DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. Allatius a donné au public quantité de Li-AUatius. vres, foit enfaifant imprimer des Ouvrages des Grecs, qui n’avoient point encore été imprimez, foit en les traduisant, foit en composant de ion propre fonds. En l’année 1623. il fit imprimer à Rome une chaîne de Peres Grecs fur le Prophète Jeremie, avec une Expofition de S. Chryfoftome, huit Homélies d’Origene, & un Traité de Maxime fur le même Prophète. En 1629. il donna leTraitéd’Euftathe Archevêque d’Antioche furl’Hexaëmeron, ¿Jeune Diifertation de ce même Auteur de l’En-gailrimythe ou delaPythuniïIè, avecunCom-mentaire d’Origéne fur le même fujet, & un Recueil des témoignages des Anciens touchant Euftathe; & joignit à ces Traitez Grecs qu’il avoit traduits en Latin, des Notes très-amples & très-fçavantes, & une Diifertation particulière de l’Engaftrimythe. Il n’eft pas certain que ce Traité fur l’Hexaëmeron, ou fur la Création du Monde, foit d’Euftathed’An-tioche, comme on l’a fait voir ailleurs. Allatius ; ne le foûtient pas même; mais il prétend qu’il cil d’un Auteur auffi ancien, parce qu’en par- 1 lant de la fin du monde , il ne continue fa Chronologie quejufqu’à la trentième année de Conftantin. On trouve dans le Traité de S. Baille fur l’Hexaëmeron despenfées&des ex-preffions femblables à celles de cet Auteur, & il eft difficile de dire fi Euftathe les a prifes de S. Bafile, ou S. Bafile d’Euftathe. Sigebert de Gemblours, Caffiodore, &Junilius font mention d’un Euftathe qui avoit traduit en Latin le Traité de l’Hexaëmeron de S. Bafile; mais ce dernier eft different de l’Auteur du Commentaire, qui étoit certainement un Grec. Les Grées appellent Hexaèmeron les fix jours pendant lef-quels Dieu créa le Monde, dont la création eft rapportée dans le i.chap. dclaGenefe, que les Juifs ont jugé fi difficile, qu’ils en défen-doient la leéture avant l’âge de trente ans, comme S. Jerome le remarque dans fon Prologue fur Ezechiel. Ainfi il 11’eft pas étonnant que plufieurs Auteurs aient fait des Commentaires fur ce chapitre fans y réüffir. Celui que donne Allatius commence par une Chronique tirée d’Africanus & d’Eufebe, fur laquelle Allatius fait diverfes Remarques, auffi-bien que furies Auteurs qui y font citez. Il en fait enfuite fur l’explication que l’Auteur de l’Ouvrage dont nous parlons, donne fur le premier chapitre de la Genéfe , & compare ce qu’il en dit a-vec le Commentaire de S.Bafile, yajoûtant plufieurs Réfléxions tirées des Hiftoriens pro-phanes, qui font affez connoître combien Allatius étoit verfé dans leur leélure. Il ne 3 paroît pas moins d’Erudition prophane dans Allatius. fa Diflèrtation de l’Engaftrimythe. Hipocra-te s’eft fervi de ce nom : Il vient du mot varèp, qui lignifie le ventre, &def6'5©-, qui lignifie Difcours, ce que les Latins ont appelle l/entriluque. Le Poète Eurycles eft le premier qui ait fait valoir cette forte de divination. Les Engaftrimythes ont été auffi appeliez Pythomantes, & l’Auteur de la Vulgatea fouvent traduit Pythoniens ou Magiciens, dans les endroits où les Septante ont traduit le mot Hebreu par Engaftrimythe. Les Pythoniens ou Pythoniflès chez les Payens étoient des perfonnes , qui tranfportées & comme fu-rieufes, prédifoient l’avenir, quoiquefouvent obfcurément. La Pythoniffe, dont il s’agit, étoitauffiNecromantienne, puifqu’ellefemé-Ioit de faire revenir les Morts. S. Jerômeou ¡’Auteur des Traditions Hébraïques rapporte que cette Pythoniffe étoit félon le fentiment des Juifs mere d’Abner fils de Ner. David Kimhi dit qu’elle étoit la femme de Sophonias. Jofeph penfe plus vrai femblable-ment que c’étoit une pauvre femme qui ga-gnoit fa vie à ce métier. Les Peres Grecs ont aftèété de lui donner le nom de Pythoniffe. La qtieftion agitée dès le commencement de l’Eglife, eft de fçavoir fi elle a fait revenir véritablement l’ame de Samuël; ou fi ce qui parut n’étoit qu’un fpeélre qui avoit la forme de Samuël. Origéne foûtient que c’étoit la véritable ame de Samuël, & femble bien'fondé fur les termes de l’Ecriture , & fur la vérité des Prédirions de ce prétendu Samuël. Cependant, ce fentiment fut combattu de fon temps par des raifons fi fortes, qu’il fut comme o-bligé de l’abandonner. Euftathe l’attaque, ne pouvant fe perfuader que les démons aïent un empire fur les aines des Juftes. Saint Au-guftin traite la queftion problématiquement, & femble plus approuver l’opinion de ceux qui croient que ce qui parut n’étoit qu’un phantôme. Plufieurs Auteurs ont demeuré là-deffus dans le doute. D’autres ont dit que Dieu avoit fait paroître un phantôme repré-fentant Samuël, & qu’il s’en étoit fervipour répondre aSaüI ; c’eft le fentiment de Theodo-ret. L’avis d’Euftathe eft que cette apparition étok un effet des preftiges de la Pythoniffe & du Diable. Cette opinion eft de Tertullien’, deMethodius, de S.Bafile, de S. Grégoire de Nazianze, de S. Grégoire de Nyffe , de S. Jerôme , de S. Cyrille d’Alexandrie, & de plufieurs autres Auteurs anciens & modernes. Allatius , après avoir rapporté leur témoignage , réfute le fentiment d’Origéne, A 2 par-