{ÿ • DISSERTATION] font rejette/, comme des Livres heretiques & I iuppofez c. Le premier Canon ou Catalogue des Livres i facrez & divins a été fait par les Juifs. Il eft certain qu'ils en avoient un; mais il n’ëft pas fi confiant qui l'avoir fait. On ne peut douter que les cinq Livres deMoïfe n’aïent été recueillis en un feul corps peu de temps après fa mort ; puil'que le Deutero-nome, qui eft comme l’Abrégé & la Récapitulation des quatre autres, fut mis dansleTaberna-cle proche de l’Arche fui vant le Commandement qu’il en fit aux Levites chap. 31. v. 24.. Ainfi le premier Canon des Livres facrez n’étoit compofé PRELIMINAIRE que des cinq Livres deMoïfe: On n’y en a point mis d’autres jufqu’à la divifion des dix Tribus, puifque les Samaritains n’en reconnoifl'ent point d’autres. Il y eut neanmoins depuis Moïfe plufieurs Prophètes & autres Ecrivains divinement infpirez qui compoferent ou l’Hiftoire de leurs temps, ou des Livres Prophétiques & Agiogra-phes, ou des Pfeaumes à la louange de,Dieu. Mais on ne voit point qu’avant la Captivité on les ait recueillis en un feul corps & compris dans un même Canon. Ce ne fut qu’au retour de la Captivité de Babylone que les Juifs eurent un nombre certain de Livres facrez, compris dans un endroit aux Levites de mettre ce Livre dans 1*Arche; mais à côté de l’Arche au dehors , & il paroît par le Ch. 8. du ;. Livre des Rois , & le y. Ch. du 2. Livre des Paralipomenes, qu’il n’y avait dans l’Arche que les deux Tables de pierre. Dans le fécond Temple il n’y avoit plus d’Arche félon le rapport de Jo feph. Neanmoins les Livres facrez étoient ferrez dans le Temple , & nous lifons qu’avant la Captivité > le Pontife Helcias trouva un Livre de la Loi dans le Temple. Les Livres apocryphes étoient apparemment fer rez dans une autre Armoire que les Livres Canoniques. Tertullien parlant du Livre d’Enoch dit que quelques-uns ne le reçoivent pas> parce qu’il n’eft pas enfermé dans l’Armoire des Juifs, quia nec in Jusldicum arma-riism admittitur. Et faint Auguftin dans le Paflageque nous avons cité, tiré du iy. Livre de la Cité d Dieu, dit que les Livres Canoniques de l’Ancien Tef-tament étoient confervez dans le Temple du Peuple Hebreu , par les foins des Prêtres qui fe fuccedoient les uns aux autres. Ainfi il y a quelque vraifemblance que les Livres facrez étoient confervez dans le Temple dans quelque armoire , 8cjes-apocryphes dans un autre endroit. Quelques-uns ont pris de là occafion de dire que ceux-ci font ainfi appeliez ïhrè ¿ xfmïf ; parce qu’ils étoient hors de la Crypte > de l’Arche ou du coffre où étoient les Livres facrez , mais c’eft mal deviner.- Les Hebreux appellent Genufim terme qui a la même lignification qu’Apocryphes , des Livres plus myfterieux , de la leiture defquels ils veulent que les foibles & les jeunes gens s’abftiennent, comme le commencement d’fzechiel, l’Ecclefiafte, Bcc. c Qui ne fiat point reconnus pour des Livres divins, mqhipnt rejetiez, comme des Livres heretiques & fup-po/ez..'] Tantôt on donne le nom de Livres apocryphes à tous ceux qui ne font point dans le Canon, donton fait deux claffes , celle des Livres utiles que l’on peut lire pour l’édification des Fidèles , mais douteux & contredits: 8c celle des Livres fuppofez, heretiques 8c pleins d’erreurs. Quelquefois on refireint le nom d'apocryphes aux derniers. Orígenes appelle apocryphes , tous les Livres qui font hors du Canon. Tcr-tullien donne ce nom au Livre du Pafteur qui eft un Livre utile. Eufcbe diftingue trois ou quatre claifes jles Livres, liv. 3. de fon Hift, c. ay, & 31. La pre- miere , de ceux qui font reçus de tout le monde 8c hors de doute : la fécondé de ceux qui font conteftez gc cependant reçus par plufieurs: la tioifiéme des fuppofez 8c douteux que l’on peut joindre à la claife précédente : 8c la quatrième de ceux qui font tout-à-fait faux, oppoftz à la Foi des Apôtres 8c fabriquczpar des Heretiques fous leur nom. Eufebe femble avoir tiré ette diftinition d’Origenes, qui parlant dans le 14. Tome fur faint Jean du Livre de la Prédication d Paint Pierre, dit qu’il faut examiner s’il eft véritable y.w;, ou fupp .fé réjos, ou entre les deux Pour reve- nir à Eufebe , il ne fe fert point aux endroits que nous avons citez du terme d'apocryphe , mais dans le Chap. 22. du Livre 4. il le prend pour les médians Livres fabriquez par les Heretiques qu’il diftingue de ceux qui font citez par des Ecrivains E .clefiiftiques. Saint Grégoire de Nazianze dans le Poème à Selcucus, faint Athanafe dans l’Epîtrc Feftale , l’Auteur de la Synop-fe, qui porte fon nom, faint Epiphane dans la huitième Herefie , Ruffin dans l’Expofition du Symbole» Junilius , 8c la plupart des nouveaux Grecs fuivent la diftinélion d’Origenes en trois claifes , 8c ne donnent le nom d’Apocryphes, qu’aux Livres certainement fuppofez 8c mauvais , 8c appellent ordinairement Livres Ecclefatfliques > ceux qui étoient bons 8c utiles 5 quoi qu’ils ne fuffent pas reconnus par toutes les Eglifes pour Canoniques. Au contraire faint Cyrille dans la quatrième Catechefe, faint Epiphane dans le Livre des Poids 8c des Mefures, faint Jcrôme dans le Prologue general. Les Peres d’Afrique 8c la plupart des Latins, 8c Antiochus entre les Grecs, donnent le nom d‘A-pocryphes généralement à tous les Livres qui ne font pas dans le Canon. Saint Auguftin diftingue de deux fortes de Livres Canoniques ; ceux qui font reçûs par toutes les Eglifes , 8c ceux qui ne font reçûs qïie par plufieurs. Sixte de Sienne les diftingue auffi en deux claffes; les Proto-canoniques, qui ont été reçus de tout temps , 8c dont on n’a jamais douté , 8c les Deutero-canoniques, dont on a douté autrefois, 8c qui ont depuis été reçûs dans le Canon. Tous les autres font apocryphes félon cet Auteur; quoi que ce terme n’ait été quelquefois attribué qu’aux feuls Livres hérétiques. <S> d £*