'A F R. contre le Fils du Roi de Tunis, qu’il.fit chafler. Après s’être fai fi des forterclfes de ces Places, il traira avec un habitant de la Ville d’Afrique, qui promit de lui donner entrée par quelques Canonnières delà muraille du côte de la Mer, entre le Midi & le Levant. Quelques jours après çeMaur re, ami de Dragut, aïant mis quelques-uns de fon parti dans les Tours voifines, Dragut arriva au point du. jour pour reconnoître l’endroit, 8ç débarqua fix cens Turcs qui montèrent par là dans la Ville. Il les foivit avec le relie de les Troupes, & s’étant emparé des Tours voifines, il fit fonner les trompettes ,• & tirer l’Artillerie des Vaiffeaux, & s’avança avec fes gens jufqu’à 1’ Arcenal. A ce bruit le Peuple courut aux armes, & combattit vaillamment pour là liberté, Il en mourut quantité de part & d’autre ; maisles hq-bitans votant que le nombre des Turcs croiffoit à toute heure, reçurent Dragut pour Prince. Il fe faifit auffi-tôt de la fortereffe, & après avoir été là quelques jours à donner ordre à ià nouvelle conquête, il y iaiffa fon neveu avec quatre ceps Turcs, &alla avec fes Vaiffeaux courre les côtes de la Chrétienté, emmenant pour ôtqges quelques-uns des principaux habitais • Sur cette nouvelle André Doria fortit pour 1’ aller chercher avec des Galeres chargées de vieux folçfets Espagnols, & razant les côtes du la Barbarie , ils’af-lura des Arabes, qui lui promirent de lui aider à chaffer ce Corfafee de fon polie, & de tenir la campagne libre, Perez deVargas, Qouveçneyr de la Goulette, entra dans cette entreprife, &lç Seigneur de Carvan promit de fournir le Camp dç vivres. André Doria étant retourné à Drepano avec cçt accord, on en donna avis à Dom Pedro de Tolede, & àJuandeVega, Viçerois de Naples & de Sicile, dont le priemer offrit toutes le? Troupes, l’Artillerie, & les munitions qui fe-roient néçeffaires. L’autre voulut être de la partie , à caufe de L’intérêt que toute la Sicile y prenoit, & vint à Drepano, où était; le rendez-vous de F Armée Navale. Tout étant prêt, on partit la veille de la fête de Saint Jean, & on vint mouiller fur la côte de Barbarie, au Levant delà Ville d’Afrique. Le fiege fut long. Dragut qui F apprit, rallia des troupes de tous çôtez, & les çnvoi'ant par terre, il s’approcha de la Ville aveç fes Vaiffeaux , & débarqua la nuit huit cens Turcs , puis renvoyant fes Navires, il alla rejoindre tes gens qui venoient, après avoir dépêché cettç même nuit deux bons Nageurs au Gouverneur , pour F avertir qu’il attaque toit le Camp le 24. Juillet, jour de Saint Jaques, afin qu’ il fe tint prêt pour donner en même tems de fon côté ; ce qui raffùraleshabitans, un peu effraïez des pertes qu’on avoit faites. Dragut s’étant approché aveç toutes fes Troupes la veille de ce même jour , fe mit en embufeade derrière une Montagne, où Fon alloit fort fauve rit couper des fafeines pour les tranchées. Il avoit huit cens Moufquetairçs Turcs, Octrois mille Maures; & fer le point du jour il commanda à ceux de Gel-vqs de fe mettre en embufeade de F autre côté de la Montagne , qui rçgardoit la Ville , parmi quelques oliviers, qui étoient au pied dans un vallon. Les décharges forent rudes, & Louis Pe-rez de Vargaz fut tué en cette rencontre, fans que fes Turcs pûffept empêcher que le Viçeroi de Sicile ne fe retirât en rafe Çampagnç hors des oliviers , enfermant au milieu de la hataille çeux qui portaient les fafeines. Cependant fi tôt que leurs Enfeignes parurent, le Gouverneur de fe Ville fortit félon l’ordre qu’ il en avoit, & quoique l’Artillerie qu’ on avoit pointée de ce côté-fe fît un grand carnage, il y en eut deux cens qui vinrent hardiment planter leurs Enfeignes jvff- AFR, *19 ques fur fe tranchée ; mais trouvant qu’ on avoit redoublé la garde, & appercevant quelques Officiers & quelques Soldats par terre, ils fe retirèrent fort promptement vers fe Ville . Dragut volant que fon entreprife ne lui avoit pas réüfli, rallia fes troupes, & alla fe poiler à la vûê du Çamp;, fer la pente de fe Montagne des Oliviers ; mais incommodé des Coufevrines qui tiraient contre lui des baliions, &defefperant de pouvoir feeourir la Place, il prit la route d’Esfagues. Enfin le 10. de Septembre au point du jour , les Compagnies qui dévoient donner F affaut, étant entrées pas à pas dans les tranchées, baiffant leurs Drapeaux, afinque les Ennemis ne fe doutaffènt de rien, & feiffant d’autres Compagnies en garde aux baliions & aux tranchées du côté de la ter1; re, André Doria commença Faprès midi à environner fe Ville du côté de fe Mçr, avec toutes fes Galeres, & les Soldats au bruit de la Trompette & d’un coup de Coulevrine qui for tiré pour ligna], montèrent de trois cotez à l’affàut pour faire diverfioo ; les Chevaliers de Maltbe aveç quelques Compagnies, du côté de 1a vieille Batterie vers le Couchant ; d’autres à fe nouvelle de F autre côté; & fes autres de celui de la Mer, eu roulant 1e long de feTour, en entrant dans l’eau. Les Ennemis accoururent q la défenfe de leurs murailles, &fe ferie de F Artillerie fet épouvantable de part & d’autre. Les Chrétiens étoient accablez de dards , & les coups qui donnaient tfensfe fable , excitaient tant de pouffiére, qu’ oq ne vofoit goûte. Ainfi avant qu’ on fet arrivé àfebrêchç, il y eut pins de 300, Soldats de tuez ; mais fe valeur des Efpagnols furmonta les feux dt fes traits des ennemis ; de forte que paf-fent fur fes corps de leurs compagnons, ils montèrent à fe brèche, & après une mfiftance opiniâtre , ils gagnèrent fe Tour du coin vers fe Levant) & arrachant l’Eofeigne Turque, ils y plantèrent lafeur. LesTnrçs volant la Ville pri-fe, fe retirèrent au Château, & au logis de fe Doüane, d’où à coups de flèches & de moufquets ils. incommodèrent fort fes Chrétiens, qui çom-battoient dans la ruç' . Le Viceroi qui vit quç fe combat s'échauffent dans la Ville, fit entrer les Arquebufiers des Compagnies qui étoient dehors , à caufe que rien ne branloit à fe Campagne , & ce fet ce qui acheva 1a défaite des ennemis . Il mourut ce jour-là fept cent Turcs ou Maures ; on fît dix mille Captifs de tous âges & de toutfexe, & le butin fet très-grand, tant eu meubles, qu’en argent & en pierreries • Quatre ceps Chrétiens périrent, & le fils du Vieeroi dç Naples fes fit enterrer dans un faflè , pour en ôter la vûë & la joie aux ennemis . IJ fit auflj porter les bleffez au nombre de plus de cinq cent, dans les maifons qui étoient au Camp, après quoi F on confacra la Mofquée pat de grandes falves, Comme cette Place étoit difficile à conferver fans une déjpenfe extraordinaire, & qu’il étoit à craindre qu elle ne retombât au pouvoir des Infidèles , F Empereur Charles Quint refojut de 1a faire démolir • Ainfi Fon fit travailler jour ôç nuit aux mines les gens de marine, & les foldats.. Lorfque 1e travail fet achevé, on embarqua toutes les Troupes , avec F artillerie , fes munitions & les vivres , & feiffant un Officier en qui Fon feconfioitj avec deux efeouades pour mettre 1e feu aux mines, & donner ordre qu’il n’ en reliât aucune à jouer, on commença à quitter 1e bord. Il y en avoit vingt-quatre fous fes murailles & fous les principales tours, & chacune avoit differentes branches qui allouent ;uT-ques fous fes fondemens. On mit un foldat à F entrée de chaque mine, avec une braffe & de-