454 ARA. dan, petite Rivière d’Efpagne en Aragon. Elle a fa fource aux Monts Pyrénées, fur les confins de la Gafcogne , & de la Principauté de Béarn dans la Vallée de Hecho , félon Mr. de Marcel, & après avoir arrofé quelques Lieux^ de l’Aragon, elle fe jette dans l’autre Rivière d’Aragon, près de St. Jean de Pena. 3. ARAGON , Roïaume d’Europe dans la Prefqu’Jÿe d’Efpagne & l’une des plus confidéra-bles parties de la Monarchie Efpagnole ; indépendamment de laquelle il a long tems fubfifté, aj'ant fes Rois particuliers, & des Loix qui n’ont été abrogées que depuis quelque tems. Va vrac Etat Ce Pais a au Nord les Pyrénées, le Béarn, la préf. de l’Ef- £jgorre & une partie du Païs de Cominges ; au T-Tp. 88. & Nord-Ouëft la Navarre; à 1’ Ouëft la Cafiille; A<1- au Sud le Roïaume de Valence, & la Catalogne au Levant. Il s’étend de l’Eft à l’Ouëft depuis la Rivière de Cinca jufqu’à Hariza ; & du Nord au Midi, depuis la Montagne de Ste. Chrifiine limitrophe du Béarn jufqu’à Ventofa, proche les confins du Roïaume de Valence. On y compte jufqu’à 70. Villes murées, mais qui ne font pas fort confidérables, fi on en excepte fept qui portent le nom de Cité. Antoine Nébrixa croit que ce Païs tire fon nom de celui de Tarragonenfis Hifpania , qu’ on a, dit-il, corrompu par la fucceifion des tems pour en former celui d’Arragon. Jean Vafœus eit de même fentiment . Quelques-uns le font dériver des Antrigones anciens habitans de l’Efpagne, ou du nom de la Rivière dragon. D’autres prétendent qu’il tire fa dénomination de l’Autel d’Her-cule, & des jeux qui fe fàifoient auprès, dra Herculis, & Ludi dgones. Quoiqu’il en foit, l’Aragon a été le Païs des Celtibériens, des anciens Jacétains, dont parle Ptolomée , Fondateurs de la Ville dejacca, des Lacêtaniens , dont Céfar , Tite-Live & Pline font mention ; des dcitaniens dont le nom fe trouve dans Macrobe ; & des Sédentaniens. Les Rivières les plus confiderables del’Aragon outre l’Ebre, font la Cinca, laSegre, le Galle-go, l’Ifuela, le Salon ou Xalon, le Xiloca, 1 Aragon & quelques autres moindres . L’Aragon jouît d’un air pur & ferein.- mais par une bizarrerie de la nature qu’on a de lapei-ne à comprendre, il manque d’eau quoi qu’il foit arrofé par quantité de Rivières, entre lefquelles il y en a une qui efi fans contredit la plus belle de toute 1’ Efpagne. C’ efi pour cela que les Efpa-gnols difent en Proverbe : Quando Guera tiene capa y Moncayo chapiron, bien va para Caflilla , y mejor para dragon ; c eft-à-dire , Quand la Montagne de Guara a manteau & Montcayo chaperon, ilvabienpourCaJiille, & beaucoup mieux pour dragon. Le fens de ce Proverbe fe tire de ce que lorique ces deux Montagnes font couvertes, cela dénote de la pluye dont la Cafiille a un grand béfoin, & l’Aragon beaucoup plus encore : car non feulement il manque de Fontaines, mais même de puits ; deforte qu’en plufieurs endroits il n’y a d’autre eau que celle qui tombe du Ciel, & qu’on ramaife dans de grandes pierres creufées, ou dans des citernes. Il n’y a que les Contrées qui font proche des Rivières , & des Montagnes,qui foient huméélées, tout le relie du Païs étant fec, fablonneux , montueux ou pierreux, en quelques endroits nitreux, & prefque par tout fort aride ; ce qui fait qu’il n’ell fertile que dans les endroits où on le peut arrofer par le moïen des Rivières, ou des Ruififeaux, tels que font ceux qui font fituez fur les bords de l’Ebre, dans le voifinage de Montcayo, que la fonte des neiges qui le couvrent fertilife , dans les environs de Taraçona , de Balbafiro & de Huef- v ARA. ca. Tous ces endroits, dis-je, font ifïfez fertl-les en bled, en vin, en huile, en lin & en fruits. En quelques autres on recueille du Safran. Martial fait grand cas del’or&duferdeCakttayud, & de la bonne trempe que l’eau du Salon donne au fer. Il ya des mines de Tel fort abondantes, &' ü faut qu’il-y en ait d’argent puifqu’ancienne-ment il y en avoit une fi grande quantité, que l’Hiftoire Romaine fait foi que Marcellus éxi-gea des Aragonnois éoo. Talens de contribqtion, & que Gracchus ruina 300. Villes, ceqùimarque la multitude des habitans & les richeifes du Païs. L’Aragon étoit divifé autrefois en deux Contrées qui étoient le Comté d’ Aragon proprément dit, & le Païs de Sobraree ; c’efi ce qui a donné lieu à quelques Hiiloriens de dire que Sobrarbe étoit un Roïaume plus ancien que celui d’Aragon , fondez fur certains Aéles qui , en parlant de quelques Rois de Navarre qui avoient uni à leur couronne non feulement le Comté d’ Aragon, mais même le Païs de Sobrarbe , difent: Régnante N. Rege in Sobrarba. Mais le favant Pere Moret dans fes invefiigations du Roïaume de Navarre & l’Ulufire Marquis de Mon-dejar ont réfuté cette erreur. Voïez au mot Sobrarbe. L’ Aragon fut érigé en Roïaume 1’ an 905. parSanche dit dbraca Roi de Navarre. Ce Prince aïant achevé de conquérir ce qu’il ne pefle-doit point encore de l’Aragon prit le titre de Roi de Navarre & d’Aragon . Ce nouveau Roïaume demeura environ 130. ans fous la domination des Rois de Navarre; mais l’an 1035.le Roïaume d’Aragon fut féparé du Roïaume de Navarre . Car Sanche dit le Grand , Neuvième Roi de Navarre & d’Aragon, partagea en mourant les Etats aux 3. Fils qu’il avoit eus de fa Femme, & à un quatrième qu’il avoiteû d’uneMaî-trelfe. Ramire fon Fils naturel eut l’Aragon, qui commença alors d’avoir fes Rois , & de faire un Roïaume féparé du Roïaume de Navarre, juf-qu’en l’an 1478. que Ferdinand V. déjà Roi de Cafiille & de Léon du chef de fa Femme Ifa-belie de Caitille , fuccéda à fon Pere pour le Roïaume d’Aragon , & réunit en fa perfonne tous les Roïaumes d’Efpagne dont Charles V. Philippe IL & les Rois d’Efpagne fes fuccef-feurs ont joui & jouïlfent encore aujourd’hui. Les Annéxes du Roïaume d’Aragon font, la Briet. Pi. Catalogne, le Comté de Rouifiionqui a été cédé rail- *-p»rk à la France par le Traité des Pyrénées, Valea- 1-5‘ ce, Majorque, Minorque & Yvica. Les Roïaumes de Naples, de Sicile & le Roïaume Titulaire de Jérufalem étoient des Annéxes de la Couronne d’Arragon, qui les poffedoit a-vant fon union avec la Cafiille, & ces deux Monarchies furent attachées alors avec celle d’Arragon à celles dont fe forma fous Ferdinand V. la Monarchie Efpagnole. Mr. Baudrand obferve que 1’ Aragon a été autrefois divifé en cinq parties , ou Juntes , à favoir celles de Saragoife, de Balbafiro, d’Al-barazin, de Huefca, dejacca, deTaraçone& ■de Tervel, qui font divifées en d’autres moindres parties. Les principales Villes d’Aragon font Saragoife, Capitale, Albarazin, Jacca, Balbafiro, Taraçonej Calatayud, Tervel. Daroca, ARAGONNET Port de Gafcogne lur la fron-