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                         On cherche en vain la place où furent les cités ,
                         Et sous le vent lointain de ces Alpes qui tombent ,
                         Avant d’être frappés , les voyageurs succombent.
                        Au milieu de ces périls sans cesse renaissans, entre ces abîmes dont on n’ose franchir qu’avec horreur les escarpemens difficiles , quels sont les hommes assez courageux, assez libres de toute inquiétude personnelle , qui se dévoueront par état aprêter aux voyageurs une main secourable ? Seront-ce des mercenaires qui guetteront sans cesse les acci-dens de toute espèce, et proportionneront leur vigilance à l’étendue du salaire qu’ils reçoivent ? L’or ni l’argent ne sauroient payer le sacrifice entier de l’existence.
                         Il faut donc rendre grace au philantrope Bernard de Menthon , archidiacre d’Aoste, qui a établi sur ces montagnes presque inaccessibles une respectable communauté de cénobites chargés d’une aussi honorable mission.
                         C’est sur le Monl-Joux que Bernard de Menthon fonda cette institution utile. La reconnoissance a substitué le nom du cénobite chrétien à celui du dieu pay en; car Mont-Joux est une corruption de l’expression latine, Mons Jovis. C’est sous le règne d’Auguste qu’il reçut cette dénomination : on le connoissoit auparavant sous celle de Mons Penninus. Ici les étymologistes ne sont pas d’accord ; et ce ne sont pas seulement les commentateurs modernes qui expriment, à cet égard , des