i4 Découvertes Philosophiques leurs caufes. C'eft pourquoi ils établiffent d'abord la premiere caufe , ôc par les idées qu'ils en prennent, ils prétendent développer tout l'enchaînement, ôc former un fyftême complet de fes ouvrages. Telle eft la Philofophie qui eft aujourd'hui en oppofition avec celle de notre Auteur. Elle flatte tellement la vanité humaine , ôc s'annonce d'une maniéré fi pompeufe , que ceux qui ne font pas attention à la variété inépuifable de la Nature , ôc qui ne confidérent pas combien l'efprit humain eft incapable d'une entreprife fi difficile, fe lail-fent tromper par fes promeffes. On peut douter fi une telle Philofophie eft a la portée d'aucun Etre créé , ÔC il femble affez clair qu'elle eft au-deffus de l'entendement humain. Mais puifqu'il y a encore beaucoup de perfonnes attachées à ce fantôme, ôc qui mettent tout leur art à l'embellir ôc à augmenter le nombre de fes admirateurs ; il fera néceffaire pour le fervice de ta vérité , qu'à mefure que nous avancerons , nous tâchions en même tems de découvrir cette illufion.
3. La connoiffance de 1a Nature, qui eft l'objet immédiat des fens, eft très-imparfaite ôc d'une étendue fort bornée ; mais par le fecours de l'art ôc celui de notre raifon, elle s'accroît jufqu'à fe perdre dans l'infini de part ôc d'autre. L'immenfité des chofes d'un côté ôc leur petiteffe de l'autre les emportent également au-deffus de notre portée, ôc nous cachent 1a plus grande partie ôc la plus noble des opérations Phyfiques. Comme toute grandeur , confidérée par abftraction, peut être augmentée à l'infini, ôc qu'elle eft auffi divifible fans fin ; nous trouvons de même que dans 1a Nature les bornes des dimenfions les plus grandes ôc les plus petites des chofes font a&uellement placées à une diftan-ce immenfe les unes des autres. Nous ne pouvons concevoir aucunes limites du vafte efpace dans lequel les caufes naturelles operent,ni fixer aucun terme ni aucunes extrémités de l'Univers : Nous nous perdons également,