§ 544-546

LES CAPITAUX FONCIERS

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particuliers des biens fonciers, et il en a tiré sa théorie de la rente. Nous nous en occuperons plus loin (745 et suiv.), en traitant de la production.
   545.     Les capitaux existants n’ont pas seulement à redouter la concurrence des nouveaux capitaux en lesquels se transforme l’épargne, mais aussi celle des capitaux existants sur d’autres marchés qui viennent à être mis en communication avec le marché que l’on considère. Cette concurrence peut avoir lieu entre les capitaux eux-mêmes, ou bien seulement entre leurs services et les marchandises qu’ils produisent.
   546.     Les différences de mobilité des capitaux sont très grandes. Les capitaux fonciers ne peuvent pas être transportés; la concurrence ne peut donc avoir lieu que . par les services. On peut importer les produits en lesquels se transforment ces services, ou bien les personnes qui veulent jouir directement de ces services peuvent se transporter elles-mêmes à l’endroit où se trouvent les nouveaux capitaux. Les terres à blé de l’Europe subissent indirectement la concurrence des terres à blé de l’Amérique, de l’Australie et des Indes. Cette concurrence est moindre pour les pâturages que pour les terres de labour, parce que la viande fraîche se transporte bien moins facilement que le blé. Les tramways ont mis indirectement en concurrence avec les terrains situés au centre des villes les terrains plus éloignés. Ici, ce sont les personnes qui se déplacent pour jouir directement des services des capitaux fonciers (logements).
   Les capitaux personnels commencent, à notre époque, à devenir assez mobiles, mais il y a encore bien des progrès à réaliser. L’épargne peut être transportée directement ou après avoir été transformée en capitaux. Parmi ceux-ci, un des plus mobiles est le capital : monnaie-circulante. C’est aussi un de ceux dont les détenteurs sont le plus craintifs. L’expérience leur a appris que, dans plusieurs pays, on éprouve bien moins de scrupules à dépouiller les possesseurs de monnaie-circulante ou même de capitaux mobiliers, que les possesseurs de biens fonciers. C’est ainsi que les personnes qui possèdent des terres, en Grèce, dans la République Argentine, en Espagne, etc., n’ont guère eu à se plaindre d’atteintes portées à leur propriété, tandis que les personnes qui avaient importé de la ftionnaie dans ces pays, ont été dépouillées, en partie, par l’établissement du cours forcé. La mobilité de la monnaie-circulante est ainsi, au moins pour certains pays, compensée par la facilité avec laquelle on peut la perdre. La sécurité dont ce capital et les