LA GRÈVE PROLÉTARIENNE

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de grève générale, dès qu’elle a pu prendre une claire conscience du sens vrai de sa doctrine, des conséquences de son activité ou de son originalité propre. Elle a été conduite ainsi à rompre avec les anciennes chapelles officielles, utopistes et politiciennes, qui ont horreur de la grève générale, et à entrer, au contraire, dans le mouvement propre du prolétariat révolutionnaire — qui, depuis longtemps, fait de l’adhésion à la grève générale le test au moyen duquel le socialisme des travailleurs se distingue de celui des révolutionnaires amateurs.
   Les socialistes parlementaires ne peuvent avoir une grande influence que s’ils parviennent à s imposer à des groupes très divers, en parlant un langage embrouillé : il leur faut des électeurs ouvrieis assez naïfs pour se laisser duper par des phrases ronflantes sur le collectivisme futur ; ils ont besoin de se présenter comme de profonds philosophes aux bourgeois stupides qui veulent paraître entendus en questions sociales ; il leur est très nécessaiie de pouvoir exploiter des gens riches qui croient bien mériter de l’humanité en commanditant des entreprises de politique socialiste. Cette influence est fondée sur le galimatias et nos grands hommes travaillent, avec un succès parfois trop grand, à jeter la confusion dans les idées de leurs lecteurs ; ils détestent la grève générale parce que toute propagande faite sur ce terrain est trop socialiste pour plaire aux philanthropes.
    Dans la bouche de ces prétendus représentants du prolétariat, toutes les formules socialistes per