124 l’abbé terray et la liberté du commerce des grains tances, il fit arrêter les directeurs de la Régie des blés Sorin et Doumerc¹. On leur reprochait de s’être rendus coupables de malversations au détriment du Roi, d’avoir vendu comme leur appartenant des blés dont ils avaient simplement la garde, enfin d’avoir expédié en Angleterre, alors que l’exportation était formellement interdite, des vaisseaux chargés de grains* Les commissaires se défendirent en alléguant des ordres du ministre, en rejetant la faute sur leurs commissionnaires. Et tout en continuant à les croire coupables, Albert, faute de preuve, dut les relâcher : On voit dans leurs comptes un agio perpétuel, au préjudice du Roi [déclarait-il à Turgot ¹ ²J. Mais, quelqu’irrégulière que paraisse la conduite des commissionnaires, leur détention au château de la Bastille doit finir, et il semble qu’elle ne doit pas être prolongée. Leur affaire, si elle était entre particuliers et en justice ordinaire, serait traitée civilement et on ne lui donnerait point l’éclat de l’instruction criminelle. L’intérêt du Roi a déterminé de s’élever au-dessus de ces formes. L’infidélité dans une commission donnée par 1 État a pu être envisagée sous un point de vue entièrement différent, exiger que des aveux, des déclarations essentielles fussent demandés aux commissionnaires sous le sceau de l’interrogatoire, mériter même quelque punition, mais tous ces objets sont actuellement remplis, la peine est subie, les interrogatoires terminés. Je penserai donc qu il y a lieu d’accorder la liberté aux sieurs Sorin et Doumerc, et j’ose vous prier de la demander au Roi. Peu de temps après, la Commission du Conseil qui était chargée de vérifier les comptes des achats et ventes de grains effectués pour le compte du Roi, approuvait les opérations de la Régie des blés. Et pourtant, déclare M. Biollay, « s’il y avait eu des malversations, croit-on que la Commission du Conseil ne les aurait pas découvertes et que Turgot aurait hésité à exiger la restitution des gains illicites ? ³ » L instruction ne releva donc aucune charge matérielle, mais 1. Biollay, p. 197 et suiv. 2. Lettre d Albert à Turgot du 15 juin 1775, citée par Biollay, p. 205. 3. Biollay, p. 206.