peut ètre assurée la continuité des soins et évité l'encombrement et donc la sous-utilisation des équipements spécialisés. Le modèle ouvert que symbolise le CLS exige en outre une régionalisa-tion effective du réseau de distribution des soins, une participation aussi étroite que possible des usagers à l'expression des besoins du milieu et à l'organisation des soins, ainsi qu'une décentralisation des pouvoirs de décision vers les régions et vers les usagers.47 Il faut donc bien voir que l'instauration d'un modèle ouvert, la volonté d'une socialisation de la médecine, la rationalisation du système de distribution, le mouvement de « retour à la base » (décentralisation, régionalisa-tion, participation), l'entrée en scène de l'Etat comme agent de réorganisa-tion de la distribution dans un domaine qui était jusque là l'apanage du secteur privé et de la relation individuelle médecin-malade constituent les multiples faces, les conséquences et les conditions tout à la fois de la démo-cratisation de l'accès aux soins contenu dans l'établissement du régime d'as-surance-maladie, lui-mème imposé par la « monopolisation » croissante de la société québécoise. Les Centres locaux de santé sont, on le voit, les pivots de la réforme, et par conséquent, à long terme, la condition sine qua non de la viabilité de la démocratisation de l'accès aux soins. Portes d'entrée d'un système réor-ganisé et rationalisé, symbole par excellence d'un modèle de médecine sociale, c'est indéniablement sur eux que 'repose pour la CESBES la réussite de son projet socio-sanitaire et c'est sur eux qu'elle fonde sa stratégie d'im-plantation de sa réforme. Or, si nous revenons à l'analyse sociologique de cette réforme, nous rappelons une fois encore que la fraction moderniste de la CESBES main-tenant au pouvoir est, en tant que classe politique, confrontée dans le domaine socio-sanitaire à deux principales fractions qu'elle doit s'efforcer de contròler pour assurer son hégémonie politique: les professionnels de la médecine et les professionnels des services sociaux qui sont d'ailleurs respec-tivement dans des rapports de pouvoir à la classe politique fort inégaux. Comme classe dirigeante d'une société libérale, les élites du Ministère doivent à la fois respecter les condition de libre marché des services, d'indé pendance des professions, d'accroissement des profits professionnels qui sont les conditions de leur accession et de leur maintien au pouvoir politique, et en mème temps, c'est là leur responsabilité politique, atténuer les conséquences sociales de la libre entreprise, corriger les excès, pallier les déficiences non seulement d'un système économique global, mais d'un système professionnel limité. Ainsi, en ce qui concerne la profession médicale, le Ministère constate, à la suite de la CESBES, qu'on a trop insistè sur la formation de spécialistes, qu'on a négligé la prévention, les soins généraux, 183