des problèmes de la pauvreté et dans la définition de voies possibles et acceptables par ces classes de résolution de ces problèmes.
Ce mouvement a marqué les travaux de la CESBES et incontestablement inspiré les projets d'intégration des services sociaux aux services de santé dans le cadre des CLSC, tout au moins dans un premier temps, pour la douzaine d'entre eux qui furent prioritairement implantés dans les quartiers défavorisés de Montréal et de Québec. Cette approche d'animation est fondée sur l'expression des besoins par les populations concernées, sur la prise en main par elles-mèmes des modalités d'organisation des ré-ponses à ces besoins et, bien sur, très vite, sur une interprétation des problèmes sociaux comme étant essentiellement la conséquence des conditions de vie sociales et économiques. Une telle conception n'est, au pian théorique, pas du tout étrangère au projet de réforme sanitaire de la CESBES et à sa conception de la maladie. Mais, on l'a vu, dans la réalité du pouvoir, les déterminations des intérèts de classe se manifestent; de mème dans la réalité de la pratique d'animation, les comités de citoyens et les groupes populaires vont rapidement développer une compréhension politique de leur situation de classe, en sorte que le mécanisme de participation destiné à intégrer les pauvres à la logique du fonctionnement de la société libérale et à ses institutions risque de déboucher sur des actions de classe incompa-tibles avec les intérèts de la classe dirigeante.
C'est évidement ce qui se produit dans un certain nombre de cas et l'on voit les élites, en particulier politiques, accuser les travailleurs sociaux communautaires tantòt d'incompétence, tantót de deloyauté, tantót d'ètre des agents de révolution. C'est un processus assez connu pour qu'on ne s'y étende pas. Signalons cependant que malgré le caractère très limi té de ces conflits, sans comparaison quant à leur ampleur et à leur impact avec ceux relatifs aux médecins, les classes dirigeantes ont réussi a les imposer comme éléments caractéristiques et déterminants de la difficulté d'implantation des CLSC, au point qu'il fut plusieurs fois question de les éliminer ou tout au moins de les restreindre. C'est une autre atteinte aux orientations de la réforme puisque avec eux disparaìtrait toute la dimension de relation et d'ouverture au milieu, de participation, voire de prévention.
Après avoir mentionné le refus de collaboration des médecins aux CLSC, la stigmatisation du role des travailleurs sociaux communautaires et leur relative neutralisation de la part de la classe politique, il faut encore parler brièvement du role d'un autre groupe de praticiens professionnels dont la participation aux CLSC est sollicitée: les travailleurs sociaux cliniques. Dans le cadre de la réforme, ceux-ci sont en effet destinés à travailler dans deux catégories d'établissements: les CLSC pour les interventions sociales géné-
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