(c'est-à-dire l'accès aux soins, la main d'oeuvre, l'economique), réponse aux impératifs extérieurs; l'organisation de la santé (c'est-à-dire le système de distribution, les agents, le social), réponse aux impératifs intérieurs. Ces deux niveaux sont effectivement hiérarchisés: le premier étant acquis, le second devient l'objet de conflits d'intéréts capables de menacer directement son développement.
La CESBES et la gestion des rapport sociaux internes
Nous avons établi comment la justification du respect de l'ordre économique dominant par la CESBES est fondée sur le modèle culturel de la Science, que la Commission s'approprie à sa manière, c'est-à-dire selon sa conception et ses intérèts de classe spécifiques. Dans sa gestion des rapports sociaux internes, la CESBES, nous l'avont indiqué, va relayer son recours au modèle de la Science par un discours sur l'Homme, dans une conception idéaliste d'un Homme à la fois individu et communauté, systématiquement dégagé des rapports sociaux et des contingences matérielles. L'Homme, valeur suprème d'une vision finaliste et volontariste de la société, unifiée dans un effort commun de dépassement, d'accomplissement et de communion vers et dans le « Bien commun ». Des relents de néo-thomisme, assaissonnés de catholicisme social, de Teilhard de Chardin voire de Saint-Exupéry, d'une part,24 de l'idéologie développementiste des organisations internationales, d'autre part. La Commission l'affirme: par la Science moderne, l'Homme pregresse, et de citer B. A. Houssay, dans une conférence de l'ONU, en 1963: « La science et la technique sont maintenant devenues les facteurs essentiels de la vie car c'est d'elles que dépendent la santé, la production agricole et industrielle, le bien-ètre et la richesse. Les pays peu développés sont obligés de choisir entre deux possibilités: la science ou la misère. Ou bien, ils reconnaìtront le bien-fondé de la science et de ses applications, ou bien ils se condamneront irrémédiablement à un état sanitaire défectueux, à un niveau économique et culturel peu élevé et se verront contraints de vivre dans la pauvreté et le marasme. D'autres pays plus évolués, insuffisam-ment toutefois, devront à leur tour décider et choisir entre la science et la médiocrité... Ce sont les grandes découvertes et leurs applications qui sont la cause du développement et de l'amelioration constatés dans le monde et non, comme beaucoup le croient à tort, les discussions et les événements politiques ».25 Entre la Science et la richesse, et l'ignorance et la misère, la Commission a choisi!
Ayons bien conscience que la médecine symbolise par excellence la jonc-tion de ces deux modèles: la Science et l'Homme et qu'il n'est guère sur-
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