ITALIE
PREMIÈRE PARTIE
Aperçu historique.
Le service de la statistique du royaume d'Italie a été constitué par arrêté royal,
le 9 octobre 1861, c'est-à-dire presque au lendemain de l'union du royaume de
Sardaigne, des provinces centrales et méridionales de l'Italie.
Dès son origine, le bureau de la statistique a été rattaché au ministère de l'agri-
culture et du commerce, tandis que fonctionnait à ses côtés une commission con-
sultative de statistique composée de 9 membres, y compris son président, tous
nommés parle roi. La direction du bureau de statistique fut confiée à mon hono-
rable prédécesseur et ami, M. Pierre Maestri, qui consacra à son service jusqu'à
son dernier souffle, car c'est dans l'exercice de ses fonctions, et pour ainsi dire sul-
la brèche, qu'il succomba en 1871.
La statistique était déjà en honneur dans le royaume de Sardaigne, et on lui devait
des travaux d'une haute valeur et établis avec une sincérité parfaite, même avant
que la Constitution de 1848 eût établi le Parlement, chargé de discuter et de
juger souverainement les actes de l'administration.
Dès 1839, une commission supérieure de statistique publiait les résultats du
dénombrement de la population effectué en 1838, et s'appliquait à rassembler les
matériaux d'une statistique de l'état civil pour la période 1819-1838. Plus tard, elle
mettait à jour une statistique des finances des communes du Piémont et de la
Ligurie, pour la période 1822-1847. C'est aussi vers cette époque, en 1842, que
parut la première statistique de la justice criminelle, dont les résultats ont été
résumés dans un rapport remarquable du secrétaire d'Etat, M. Avet.
Viennent ensuite les rapports d'une commission spéciale de statistique sur l'ad-
ministration de la justice civile et commerciale, qui furent publiés en 1852 et 1857,
et auxquels se rattachent les noms illustres de Mancini et du comte Scolpis.
Ce ne sont pas là les seuls fruits de l'activité statistique de l'ancien royaume
Sarde, car l'on peut dire qu'il s'est livré en peu de temps à une série d'investi-
gations portant sur presque toutes les branches de la science administrative et
économique.
Dans les provinces Lombardo-Vénitiennes, l'Autriche possédait une administra-
tion paperassière, qui faisait un assez large usage des formulaires et des tableaux
chiffrés, mais on pouvait contester la sincérité de ces chiffres, en présence de la
sourde hostilité qui régnait entre le peuple et son Gouvernement. Néanmoins