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de mourir, Or, certains lecteurs ne peuvent s'empêcher de remarquer
précisément l'évolution accomplie sous nos yeux par l'administra-
tion. De plus en plus, et par une logique toute naturelle, elle se désin-
téresse du bilan pour porter dans la pratique de ses contrôles, ses
investigations sur le compte de Pertes et Profits et le détail des
mouvements de l'exploitation.
Par suite, nous ne saurions admettre les conclusions du Pr Schma-
lenbach. Après avoir vigoureusement dénoncé les défauts du dua-
lisme, ses obscurités, ses incertitudes, ses contradictions, son carac-
tère non scientifique (1), il ajoute :
« Bien que nous soyons convaincu des limites des objets statiques
du bilan, il ne serait cependant pas scientifique (unwissenschaftlich)
de nier leur importance. Et c'est pourquoi nous ne disons pas : le
bilan a des objets seulement dynamiques ou même ne devrait avoir
que de tels buts.
« Nous disons plutôt : le dualisme n'est pas scientifique (unwis-
senschaftlich) ; dans le bilan, un seul objet doit partout figurer la
dominante afin de purifier la doctrine et la pratique des obscurités,
des incertitudes et des contradictions. A côté de cela, si le bilan peut,
sans danger pour son objet principal, atteindre d'autres buts, il a
le droit et le devoir de le faire »...
L'esprit français, comme l'esprit grec d'ailleurs, qu'un excessif
besoin de clarté pousse à maintenir l'antithèse, exagérer l'opposition
jusqu'au dilemme, n'atteindra jamais à cette harmonieuse concilia-
tion des contraires dont le génie allemand semble s'être réservé le
secret...
Le dualisme chassé revient donc au galop.
Si l'on cherche la raison logique de cette attitude de l'auteur,
peut-être la trouvera-t-on, non seulement dans l'influence d'une
conception traditionnelle du bilan et des amortissements, mais sur-
tout dans sa conception de la valeur.
Incertaine et fuyante reste sa définition du bilan dynamique. II
semble, à le croire, que celui-ci doit donner la connaissance, non de
l'état, mais du mouvement.
La solution est purement verbale. Je ne peux pas me figurer un
état, même deux, même plusieurs qui me donneraient la représenta-
tion d'un mouvement. Us ne me feront jamais, les uns et les autres,
connaître que des situations différentes.
(1) Voir notamment Dynamik (p. 55-56) Die Unwissenchaftliehkeit des Dua-
lismus et sa critique des théories du Pr Schmidt.