LE DÃVELOPPEMENT DU MOUVEMENT SYNDICAL 83 aux intérêts ouvriers auxquelles on pouvait se livrer dans leur région. Le questionnaire demandait de nombreux détails sur les salaires, les heures de travail, les conditions d'hygiène, les punitions et amendes, le coût de la vie et signalait l'urgence de protéger la main-d'Åuvre féminine. Il y avait là les cadres d'une documentation destinée à soutenir une utile campagne en vue d'améliorer le sort des ouvriers. Pour mieux se renseigner sur la situation et les vÅux des ouvriers, la C. G. T. décida, après ses tournées de propagande de 1915, de réunir une conférence de délégués fédéraux. L'initiative en revient à un vieux militant, M. Bourderon, du Tonneau, dont l'opposition à la majorité de la C. G. T. se manifestait déjà avec ténacité. Sa proposition dans laquelle, peut-être, on suspectait un piège, ne recueillit que 19 voix contre 10 et 6 abstentions (1). Il fut décidé que chaque fédération de métier et chaque union départementale, désireuse de se faire représenter à cette Conférence, y enverrait deux membres. Cette réunion, purement consultative, et dont les décisions ne pouvaient orienter le mouvement syndical comme celles d'un Congrès national, groupa 172 délégués. Elle devait apporter au bureau confédéral des indications précises pour le guider dans sa gestion des intérêts ouvriers ; malheureusement, elle n'aborda pas les questions d'organisation du travail et ses deux séances furent uniquement consacrées à examiner l'attitude des dirigeants de la C. G. T. en ce qui concerne la guerre et la défense nationale. Si elle rendit service à la propagande syndicale par l'animation qu'elle provoqua dans les organisations, elle ne fut pas exempte de tout inconvénient, car elle révéla publiquement, pour la première fois, les luttes de tendances qui devaient aller en s'amplifiant jusqu'à la scission des organisations confédérées. Le 1er mai 1916 fut suivi, sur la demande de la C. G. T., de congrès fédéraux et régionaux qui devaient rendre aux syndiqués l'habitude de discuter en commun leurs intérêts et apprendre aux nouveaux adhérents des groupements le (1) Union des métaux, décembre 1915.