ACTION NATIONALE ET INTERNATIONALE	143
et la Fédération des métaux put affirmer que, par là, la Conférence de Londres avait pris une portée beaucoup plus considérable que ne l'avaient espéré ses promoteurs.
La résolution de Londres déclarait que la guerre provenait des antagonismes capitalistes, mais que la violation du territoire belge et français menaçait les libertés de la démocratie. Elle repoussait l'idée d'un écrasement de l'Allemagne, la guerre ne devant pas être faite aux peuples, mais aux gouvernements ; elle proclamait le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, réclamait l'indépendance de la Belgique, de la Pologne, et soutenait que la victoire des alliés serait celle de la liberté et de l'indépendance par la constitution des Etats-Unis d'Europe et du monde.
La Conférence de Leeds (juillet 1916), qui réunit les délégués syndicaux de l'Entente et où la C. G. T. envoya dix représentants, eut à discuter de questions d'organisation, telles que le transfert du bureau international et des problèmes de législation internationale du travail. Mais elle discuta longuement aussi les propositions américaines; l'idée des clauses ouvrières du traité de paix fut immédiatement adoptée, sa valeur pratique ayant été aussitôt comprise. Mais le projet de Congrès ouvrier international pour la paix se heurta aux résistances des Anglais, ceux-ci ne voulaient pas consentir à rencontrer les Allemands avant la libération des régions envahies. Sur la proposition d'un modéré, Keufer, on finit pourtant par se rallier à l'idée de cette conférence, dont le lieu et la date seraient fixés à la fin des hostilités.
La C. G. T. n'était nullement hostile à l'idée d'une conférence ouvrière vraiment internationale, au cours même de la guerre ; elle le fit bien voir en 1917. En mai de cette année, l'Union suisse des fédérations syndicales décida de convoquer à Berne une conférence ouvrière internationale sur la paix ; elle y invita la C. G. T. Celle-ci eut à examiner, dans son Conseil du 2 juin 1917, outre la proposition suisse, un projet anglais de conférence syndicale interalliée et un projet hollandais tendant à réunir une large conférence internationale (socialiste et syndicaliste) à Stockholm.