i.a belgique a la veille de la guerre	13
sembla tout d'abord devoir lui porter un coup fatal. De nouveau l'Eseaut se trouvait sinon fermé, du moins soumis à un lourd péage. Les ports hollandais attiraient vers eux le trafic de l'Allemagne. Les rapports avec l'insulinde devenaient impossibles. Le protectionnisme français d'une part, la concurrence anglaise de l'autre faisaient prévoir une nouvelle période de déclin.
Pourtant la même énergie qui avait soutenu la nation au xviie et au xvme siècle lui vint en aide une fois de plus. Pour conserver à Anvers le trafic de l'extérieur, le gouvernement de Léopold Ier faisait construire en 1834 les premiers chemins de fer du continent européen. Une politique libre-échangiste hardiment adoptée malgré le protectionnisme des Etats voisins, parvint à procurer à bas prix les matières premières. Le charbon que le pays possédait en quantité lui fournissait d'ailleurs un avantage inappréciable. On s'ingénia à en favoriser la diffusion et la circulation en développant sans cesse le réseau des voies navigables, celui des routes et celui des chemins de fer. Les efforts dans ce sens ne se sont pas ralentis depuis lors. A la veille de la guerre, la Belgique était sillonnée par 4.700 kilomètres de chemins de fer à grande section transportant annuellement plus de 210 millions de voyageurs et environ 70 millions de tonnes de marchandises, sans compter un réseau de près de 4.000 kilomètres de chemins de fer à petite section transportant près de 100 millions de voyageurs et plus de 7 millions de tonnes. A ce réseau de voies ferrées, il faut ajouter près de 10.000 kilomètres de routes de grande communication et un lacis serré de chemins vicinaux. Enfin les voies navigables, canaux ou rivières canalisées, présentaient un développement d'environ 2.200 kilomètres. Anvers voyait se presser dans son port plus de navires qu'à aucune autre époque et concurrençait ses rivaux de Rotterdam et de Hambourg. De nouveau, comme au xvie siècle, il avait repris le rang d'un port cosmopolite. Le rachat du péage du fleuve en 1863 avait facilité son ascension en même temps que les chemins de fer et le progrès industriel qui accumulaient sur ses quais le fret de retour pour les bateaux. Son