la methodisation de la production 211 duelle. Il y a donc deux méthodisations très différentes à réaliser, l'une individuelle, propre à chaque entreprise, l'autre collective, intéressant l'ensemble d'une corporation. Les principes de la première sont assez connus : ceux de la seconde le sont beaucoup moins. Les principes de la taylorisation ou de la méthodisation du travail sont en effet familiers à un très grand nombre de Français. On sait comment, par l'étude scientifique des temps de travail et des mouvements du travail, on peut arriver à doubler et à tripler le rendement du producteur. L'exemple du poseur de briques est aujourd'hui à la fois classique et populaire, et l'on sait quel merveilleux parti l'on a tiré de la méthodisation dans l'industrie de guerre. Il y a peu à dire sur ce point. Il ne reste qu'à mettre en garde les industriels contre des applications brutales de la méthode qui iraient contre les doctrines mêmes de son inventeur et de ses successeurs. Il reste également à appeler l'attention sur ce fait que, dans la méthodisation du travail dans les entreprises privées, il y a avantage à partir de la direction pour aboutir aux ateliers, plutôt que de partir d'une conception de l'atelier pour aboutir à une conception de la direction. Il est en tout cas incontestable qu'une application intelligente des deux méthodes 1 est un des moyens les plus sûrs d'augmenter la production, de faire baisser les prix de revient et de vente et de mieux rémunérer le travail. La méthodisation du travail corporatif aboutira vraisemblablement à des résultats égaux sinon supérieurs. Dans cette direction, les idées n'ont pas encore la netteté qu'elles ont 1. On lira avec fruit les exposés des deux méthodes qui ont été donnés par les représentants des deux écoles : Le système Taylor, par C. Bertrand Thompson (Paris, Payot, 1919) ; Essai sur la conduite des affaires et la direction des entreprises (Doctrine Fayol), par J. Wilbois et P. Vanuxem (Paris, Payot, 1919), et surtout le beau livre de M. Nusbaumer, L'Organisation scientifique des usines, à la Nouvelle Librairie Nationale (1924).