80 LA FRANCE ET LA POLITIQUE ÃCONOMIQUE réclamassent pour eux-mêmes ce régime de faveur, et il souligna que ce mot « freely » était purement officieux. M. de Fleuriau, par suite, recommandait au Gouvernement français d'éviter toute publicité et de prévenir discrètement les intéressés (encore ne fut-il pas possible de garder longtemps le secret). M. de Fleuriau ne cachait pas qu'il fallait prévoir des retards et des difficultés dans l'obtention des licences. Mais néanmoins ces dérogations seraient favorables à la France. Sans doute ces prohibitions d'entrée n'étaient édictées que pour trois mois ; vraisemblablement, l'Angleterre ne disposerait pas dans l'avenir de nouveaux moyens de transport; elle serait donc réduite à renouveler ces mesures jusqu'à la fin de la guerre. M. Clémentel ne put obtenir l'entrée des automobiles : Londres objecta que l'Italie demanderait la même faveur et que les automobiles étaient trop encombrantes. Quant aux pièces détachées, M. Clémentel obtint qu'elles pussent entrer à condition qu'elles fussent destinées à des réparations d'automobiles se trouvant déjà en Grande-Bretagne ; on voulait éviter qu'avec ces pièces on ne remontât des machines neuves. Il fut entendu que le ministère français du Commerce centraliserait et viserait toutes les demandes de licences pour ces pièces. Les moteurs pouvaient entrer, à condition qu'ils ne fussent pas destinés à des usages privés. Mais, à coté des prohibitions pures et simples, il fallait tenir compte des droits d'entrée, qui dans certains cas étaient si élevés qu'ils n'étaient pas moins restrictifs : notamment les droits de 33 pour 100, sur les horloges et les pianos, étaient à peu près prohibitifs. D'ailleurs, comme l'avait prévu l'ambassade de France, le système de licences rencontra des difficultés sans nombre. Notre représentant à Londres recevait quotidiennement des plaintes des importateurs anglais de produits français, dont les affaires étaient entravées par les formalités qu'exigeait le Department of Import Restrictions. En dépit des promesses de M. Runciman, les licences n'étaient point accordées freely, bien au contraire. Il fallut rappeler à M. Runciman ses engage-