LES NÉGOCIATIONS DTI DÉBUT DE 1917.	139
ministre français du ravitaillement, entré en fonctions le 12 décembre 1916; et il autorise les affrètements de 50 bateaux au-dessus de la taxe. Cette mesure contraire aux accords antérieurs se heurte à l'opposition de l'Angleterre. Le Gouvernement anglais refuse aux bâtiments ainsi affrétés la licence de sortie. M. Herriot doit se rendre à Londres pour obtenir la levée de ces prohibitions, qui lui est d'ailleurs accordée.
A cette date (décembre-janvier), la moyenne des importations françaises n'était plus que de 1.400.000 tonnes environ. Au cours de son voyage, M. Herriot demande qu'on complète ces envois à 2 millions de tonnes, comme il était prévu par les accords. Le Gouvernement anglais refuse, car il ne peut mettre actuellement de nouveaux bateaux à la disposition de la France. Une voie de recours s'offre à la France pour obtenir le tonnage indispensable, grâce à la création du Bureau interallié des Affrètements neutres qui vient enfin de se constituer, conformément à la clause 8 de l'accord du 3 décembre, en vertu de laquelle l'affrètement des vapeurs neutres devait être centralisé à Londres. Toutefois, la France et l'Angleterre ne sont pas seules représentées dans cet organisme interallié : l'Italie en fait également partie, et ses demandes de tonnage pour les céréales et le charbon y sont d'autant plus pressantes qu'elle n'a reçu aucun avantage comparable à ceux que donnait à la France l'accord du 3 décembre. Dès lors, la France se trouve prise dans ce dilemme : ou bien s'engager à observer la clause 8 de l'accord du 3 décembre, et la répartition du tonnage neutre entre elle et l'Italie sera fixée par l'Angleterre, vraisemblablement à un taux inférieur à ses besoins en raison du souci qu'a M. Lloyd George d'apaiser les susceptibilités italiennes ; ou la France reprendra sa liberté d'action.
Cette dernière solution faillit prévaloir. Un courant très net se dessinait à cette époque en France dans les milieux politiques comme dans les milieux industriels et commerciaux contre les taxations et les monopoles d'État. C'est à la taxation du blé que l'on attribuait la diminution considérable des emblavures, diminution grosse de conséquences pour la soudure prochaine. L'exemple du beurre était égale