XVI LA FRANCE ET LA POLITIQUE ÃCONOMIQUE tèrent des mesures moratoires. La conséquence immédiate et inéluctable de cette décision fut de bloquer tous les crédits consentis par les banques de dépôt. Ainsi, la situation de ces institutions devenait de jour en jour plus critique : l'immobilisation de sommes considérables, la difficulté accrue de réaliser les titres les mieux garantis, jetaient bas leur première ligne de défense et les rendait impuissantes à satisfaire les demandes massives de retraits de fonds dont elles étaient assaillies par les déposants. La raréfaction de la monnaie en circulation et la thésaurisation de l'or par le public ne firent qu'amplifier et accélérer le mouvement. Ainsi la crise bancaire menaçait de devenir rapidement plus grave que la crise boursière, car avec le retrait ou l'immobilisation des dépôts en banque, disparaissaient les fonds de roulement sur lesquels vivent le commerce et l'industrie ; avec la thésaurisation de la monnaie d'or ou d'argent en circulation, s'évanouissaient les instruments de paiement du petit commerce de détail et des transactions journalières des individus. L'émission de petites coupures (en France billets de 20 et de 5 francs, en Angleterre currency notes de 1 £ et de 10 shs) destinées à l'intérieur des deux pays à suppléer à l'insuffisance de la monnaie, produisit un effet salutaire, mais les mesures prises à l'égard des banques de dépôt furent loin d'être aussi efficaces. La confiance ne s'impose pas par décret et c'est dans une pareille crise que l'on constate combien le public par son éducation financière et la banque par la prudence de sa gestion agissent et réagissent l'un sur l'autre. â * * En France l'assaut du public fut particulièrement violent. Pour satisfaire à toutes les demandes, les banques durent réescompter à la Banque de France près d'un milliard cinq cents millions d'effets commerciaux du 27 au 31 juillet et huit cent cinquante millions du 1er au 6 août. Malgré ces escomptes considérables, que grâce à son énorme réserve d'or la Banque de France fut à même de consentir à un taux