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en est ainsi, lui fit remarquer alors M. Clémentel, l'Angleterre doit céder à la France 1 million de tonnes. » Une dernière fois les deux thèses allaient donc s'affronter à la réunion des délégués du Cabinet de Guerre.
Cette séance occupa la matinée et la soirée de la journée du 3 novembre. M. Balfour, Secrétaire d'État au Foreign Office, présidait, entouré de Lord Milner et de Lord Robert Cecil ; étaient aussi présents du côté anglais Sir Albert Stanley, Sir Joseph Maclay, M. Beale, Directeur du Wheat Executive, le représentant du Food Controller et Sir Edmund Wyldbore Smith, Directeur de la Commission internationale du Ravitaillement.
M. Clémentel, assisté de M. de Fleuriau, de MM. Monnet et Vilgrain, reprit oralement, devant le Comité de Guerre, l'ensemble des arguments qui militaient pour un pool général du tonnage. La France était prête à toutes les restrictions compatibles avec le maintien de la condition minima de subsistance de sa population — pour laquelle elle avait consenti à une nouvelle réduction de 1 million de tonnes — mais cela n'était possible que si l'on pouvait à l'avance établir un plan de répartition et régler ces restrictions, ce qui impliquait l'établissement d'un programme commun assurant à chacun le tonnage indispensable. « La France ne peut organiser sa vie économique, ajoutait-il, que si l'on sort du régime actuel. Le résultat de la situation que l'on a laissé se développer, sera de conduire à des à-coups qui désorganiseront tout : c'est ainsi qu'en juin et juillet, le Ministère de l'Armement, ne recevant pas l'acier dont il ne peut se passer, nous a pris un tonnage considérable destiné au blé; de là le déficit qui se fait sentir actuellement. Des 20.000 tonnes d'aide immédiate que nous avions à prendre sur les stocks anglais, 2.900 tonnes seulement nous sont parvenues, et cela montre le danger de ces improvisations, de ces secours d'urgence qui, après avoir dérangé tout un programme, arrivent rarement assez vite. Notre politique alliée n'évite une catastrophe que pour en préparer une autre, et il [y a nécessité d'un programme logique dont l'exécution régulière mette à l'abri de pareils accidents. »