88 LA FRANCE ET LA POLITIQUE ÃCONOMIQUE rieur au prix de vente à la consommation. Elle prohiberait l'entrée des sucres (sauf des Antilles et de la Réunion), et aviserait les Etats-Unis qu'elle n'importait plus que par l'entremise de la Grande-Bretagne. Le ministre du Commerce rendit cet accord exécutoire par décret du 3 mars 1916. Dès la première campagne, le bénéfice net fut pour la France de 54 millions de francs sur les prix pratiqués par le commerce libre en pays neutres. Peu après, l'Italie devait se joindre à l'Angleterre et à la France pour charger la Commission royale des Sucres des achats dont l'importation était nécessaire à sa population. De son côté, le Gouvernement anglais devait s'approvisionner en Italie des pommes de terre nécessaires à l'armée anglaise en France ; la quantité prévue était de 40.000 tonnes par an, avec livraisons échelonnées de mois en mois. En ce qui concerne les laines, le Gouvernement français s'engagea à fournir mois par mois ses demandes de contingents d'importation après vérification, par les inspecteurs du travail, du nombre de broches françaises réellement en activité. De plus, pour assurer à l'industrie française les matières premières qui lui étaient indispensables, il fut entendu que le ministre du Commerce français détacherait un représentant au sein de la Commission internationale du Ravitaillement. C'est à la fin de mai 1916, au cours d'une visite de M. Runciman en France, que fut réglé avec M. Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, l'arrangement concernant l'approvisionnement de la France en charbon anglais. En raison de l'importance que présentait cet accord pour l'approvisionnement de l'industrie française, il est bon de préciser les conditions dans lesquelles l'accord fut institué et les principes qui en furent la base. On a pu voir dans le chapitre précédent que le Coal Price Limitation Act avait eu pour but de fixer un prix maximum des charbons, mais que ce prix maximum n'était applicable qu'aux marchés intérieurs. Pour les Alliés, comme pour les neutres, les prix restaient libres. La hausse des prix de transport combinée avec celle des