annexes 339 en guerre pour la paix du monde, il désignait, dès le mois de décembre 1917, l'arme économique comme un moyen efficace de ramener l'Allemagne au respect de ses obligations de Nation civilisée. Il était ainsi en complet accord avec la Commission que vous avez constituée vous-même, pour l'étude d'une Société des Nations, Commission qui met au premier rang des garanties d'une paix durable le recours, à l'encontre des récalcitrants, aux sanctions économiques. Il ne saurait être question de solliciter du Gouvernement des Ãtats-Unis son adhésion aux résolutions de juin 1916, dont au surplus certaines parties sont caduques. Nous ne pouvons lui demander de revenir explicitement sur l'opposition qu'il a manifestée jadis. Mais, en nous inspirant du magnifique idéal qui est le sien, en faisant de cet idéal une défense contre les retours possibles de certains égoïsmes nationaux, l'heure est venue d'inviter le Gouvernement américain à examiner, de concert avec nous et avec nos principaux Alliés, les moyens de faire face à une situation nouvelle. C'est pourquoi, Monsieur le Président, je vous demande de bien vouloir nous réunir, M. le Ministre des Affaires étrangères et moi, dans votre Cabinet en vue d'examiner les données principales du problème et de préparer une deuxième réunion dans laquelle nos conclusions seraient soumises aux membres du Cabinet compétents en matière économique. Les résultats de cette consultation seraient ensuite entérinés dans une décision, prise en Conseil des Ministres, laquelle constituerait la base du programme de la politique économique de paix de la France. Pour faciliter l'ouverture de cette procédure, j'ai l'honneur de vous soumettre ici les principales conclusions auxquelles ont abouti les travaux menés depuis plusieurs mois par les Services de mon Département, conclusions qui me paraissent, dans leur ensemble, devoir être retenues. I Il importe, en premier lieu, de bien se représenter comment s'engagera, sur le terrain économique, la négociation de paix. L'Allemagne affichera la prétention de traiter non pas uniquement pour son propre compte, mais comme le syndic de tout un groupe, l'Union économique de l'Europe centrale. Suivant un mot récent du Vice-Chancelier Von Payer, les puissances centrales ne viendront pas au congrès comme des individus isolés, mais « comme un seul homme ». Assurément nous devrons opposer à cette prétention la question préalable. Assurément aussi tout ce que nous savons des dernières négociations austro-allemandes nous permet de douter de la solidité du bloc économique de l'Europe centrale. Toujours est-il que nous nous trouverons en présence de toute une série de conventions à long terme, notam-