l'allemagne au debut 1)u xxe siecle	311
Dès à présent, les Allemands d'Autriche, qu'on dresse systématiquement à la stupidité, à l'indolence et à la plate servilité, regardent avec envie vers l'Allemagne, où l'atmosphère sociale est relativement pure. 11 nous faut arriver à ce que même les socialistes d'Autriche, voire de Suisse et des Pays-Bas, jettent sur 110s institutions des regards d'envie ; nous y arriverons grâce à des réformes sociales et économiques. Lorsqu'il sera prouvé que l'ou-vrier allemand d'Allemagne est plus heureux que l'ouvrier allemand d'Autriche ou d'ailleurs (ce qui est déjà le cas presque partout, mais nous sommes trop honnêtes et trop modestes pour le souligner), quand on pourra voyager gratis sur les chemins de fer allemands, ce qui n'est possible nulle part au monde, les déshérités allemands qui vivent hors d'Allemagne céderont à l'attraction qui jusqu'ici n'était faite que de .patriotisme et ne dirigeait vers nous que les regards nostalgiques des Allemands cultivés et fortunés de l'étranger. Voilà ce que nous appellerions une politique de grand style.
Il est vrai seulement que des réformes aussi radicales que ceUes que nous avons esquissées et que nous désirons sont chose difficile, et l'on peut se demander si nous sommes actuellement en état de les réaliser, même sur une modeste échelle ; car notre premier devoir est de défendre ce que nous avons si péniblement acquis; il faut avant tout assurer notre existence nationale par de forts armements; il est légitime que le bien-être des pauvres mêmes ne soit venu qu'en deuxième ligne parmi nos préoccupations. On nous épie de toutes parts en Europe, à peine si nous pouvons nous mouvoir ; une vaste réforme sociale serait présentement une opération malaisée; il faut avant tout porter sans faiblir le poids de nos armements. La tension politique européenne, qui est essentiellement dirigée contre nous, nous rend difficile de nous organiser socialement comme il serait sage de l'être, en