184 LOI DES NAISSANCES. Les conceptions annuelles successives, tout en étant en nombre égal dans les deux groupes ne seront pas égales entre elles. C’est-à-dire que dans les deux groupes différents, les conceptions de la dixième année de mariage seront plus petites que celles de la première, mais le nombre total des conceptions au bout des dix années sera le même dans les deux groupes. La première conséquence de cette loi, c’est que la diminution de la natalité en France n’est pas due, comme on l’écrit trop souvent, à la dégénérescence de la race, ce qui serait alors un mal presque sans remède, mais à des influences extérieures que nous examinerons plus loin, et qui sont remédiables. L étude de cette loi mérite donc d’attirer la plus sérieuse attention des hommes d’État français. L’opinion que la race française a dégénéré au point de vue de la reproduction, trouve beaucoup de partisans, aussi bien en France qu’à l’étranger; ils invoquent, à l’appui de leur thèse, la diminution de la natalité en France. En 1874-76, la natalité moyenne était de 27,33. En 1891-93, » » » 22,90. Soit une diminution de 4,43 ou près de 20 °/0 en 17 années. Mais ces économistes ne réfléchissent pas que la natalité a baissé également, dans le même temps, dans les autres pays, comme le montre le tableau suivant : Angleterre. Irlande. Allemagne. Prusse. Belgique. Hollande. Natalité en 1874-76 36,10 26,43 42,23 42,16 35,00 38,66 » en 1891-93 30,90 22,83 36,46 37,16 29,90 33,73 Soit une baisse de . 17 •/. 16 •/. 16 •/, 13 •/. 17 7 „ 15 70 Logiquement, ils devraient aussi attribuer cette baisse de la natalité à la dégé- nérescence des races anglaise, irlandaise, allemande, belge et hollandaise. Cependant, aucun d’eux n’ose aller aussi loin. Comment, en effet, admettre qu’il ait suffi de moins de vingt années pour diminuer, de 1/6 environ, la fécondité des femmes dans toute l’Europe centrale? Comment peut-on croire que ces races auraient vécu si longtemps dans l’histoire, si leur fécondité était sujette, en si peu de temps, à de si grandes fluctuations ? Or, si la fécondité des femmes n’a pas diminué en Allemagne, en Angleterre et en Belgique, pourquoi aurait-elle diminué en France? Et si elle n’a diminué nulle part, elle est donc restée partout constante. Certainement, l’argument que j’invoque ici n’est pas un argument mathématique irréfutable, mais il n’en sera pas moins considéré comme important par beaucoup de bons esprits. J'en invoquerai, du reste, beaucoup d’autres. Pour le moment, il nous faut examiner quelles sont les causes qui peuvent faire varier la natalité avec une fécondité légitime constante.