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THÉORIE DE LEROY-REAÜLIEÜ.
   Il est évident qu’il ne peut exister aucun rapport entre le nombre des naissances de l’année et celui des mariages de la même année. Ces mariages seront presque tous stériles, car il n’y a guère que ceux qui ont été célébrés pendant les trois premiers mois de l’année qui peuvent être féconds dans le courant i e l'année, et encore combien y en aura-t-il dans ce cas !
   Il n’y a donc aucune relation entre le nombre de mariages d’une annee et le nombre de naissances de la même année.
   Ce rapport devrait être exclu de la science, car non seulement il est inutile, mais il est dangereux en ce qu’il est contradictoire avec d autres.
                                  Théorie de Leroy-Beaulieu.
   Leroy-Beaulieu, dans un article sur la population, paru dans la Revue des Deux-Mondes le 15 octobre 1897, a repris et développé à nouveau la théorie de Bertillon, et, naturellement, elle lui paraît d’autant plus irréfutable que, depuis 1875,. la natalité a baissé dans les principaux pays de 1 Europe.
   Voici ce qu’il dit :
   « Nous pouvons considérer comme démontrable et démontre, que la civilisa-sation démocratique est contraire à la proliücité, que graduellement tous les peuples civilisés, au fur et à mesure que la conception démocratique pénétrera leurs couches profondes, verront leur natalité décroître et se rapprocher de celle de la France. »
   Et plus loin :
     « Les grandes causes de la réduction de la natalité c’est, d’une part, l’affaiblissement des croyances religieuses; et c'est, de l’autre, la conception démocratique nouvelle de la société et de la famille. Les provinces les plus prolifiques sont celles qui ont conservé le plus de fidélité aux anciennes croyances : la Bre agne et les cantons flamands de notre département du Nord, en France Un libre-penseur aussi déterminé que M. Nitti reconnaît l’action du sentiment religieux sur la natalité : - « L’influence de la religion sur la natalité est non moins évidente, écrit-il, et rentre dans la catégorie large et complexe des influences psychiques et morales. Le but de toutes les religions est de diriger 1 ame vers
   une fin lointaine de salut individuel... La religion entraîne d autre part, la
   croyance à une intervention providentielle et pousse les races a la fécondité. »
     Cependant, Leroy-Beaulieu abandonne la théorie de Bertillon, en ce qui concerne tout au moins l’influence de l’aisance sur la natalité.