73 consommateur non seulement mais aussi parfois pour le producteur, M. Pieeson a perdu de vue qu’il ne s’agit pas en ceci de prix plus ou moins élevés, mais qu’il faut surtout tenir compte de l’abaissement des prix. Nous avons déjà développé ce point précédemment, nous n’avons donc pas à y revenir. A ce propos nous nous permettrons toutefois une digression : les partisans de l’étalon d’or unique reprochent incessamment aux bimétallistes leurs plaintes au sujet de l’avilissement des prix. Comment cela se peut-il, s’écrient-ils, les bas prix ne sont-ils donc pas une preuve de l’abondance? Grave erreur, car bas prix et abondance ne sont point des termes synonymes. M. Louis Strauss, Président du congrès qui s’est réuni à Anvers l’an dernier a énoncé à cet égard dans son discours d’ouverture certaines affirmations qu’il importe de relever. Il y dit textuellement: „L’abaissement des prix dont tout le monde semble se plaindre est un bien, puisque c’est l’abondance, et l’abondance est la richesse des nations aussi bien que des hommes.” „Le bon marché, c’est la mise à la disposition des masses de la plus grande quantité de marchandises possible, afin de faciliter la satisfaction de leurs besoins.” „Le relèvement des prix, la cherté, n’est favorable que si elle est la conséquence de l’expansion de la richesse publique, du bien-être général, par suite du développement de la consommation, celle-ci dépassant l’offre. Dans ce cas la cherté est une bonne chose.” „Mais” — poursuit-il — „la cherté artificielle, à coups de droits de douanes, à coups de réglementation du travail pour combattre la production, cette cherté ne peut qu’amener des crises et l’appauvrissement des masses.” Nous admettons volontiers avec l’orateur que la cherté artificielle provoquée par des droits protecteurs ne soit pa